à bonne fin tout ce qu’il avait entrepris.
5. C’est pourquoi saint Paul, racontant le triomphe du Sauveur, disait : « Ayant désarmé les principautés et les puissances, il les a menées hautement en triomphe à la face de tout le monde, après les avoir vaincues par sa croix. » (Col. 2,15) Et ailleurs : « Il a effacé par son sang la cédule qui s’élevait contre nous dans ses décrets ; il a entièrement aboli cette cédule qui nous était contraire, il l’a abolie en l’attachant à sa croix. (Id. 14) Et le Seigneur dans « la voix de la trompette. » C’est toujours la même figure, on veut parler d’une brillante victoire. Ici il faut ajouter quelque autre chose à l’expression, une idée de bruit, d’éclat, d’évidence. Cependant, quand cet événement eut lieu, nul ne s’en aperçut, mais il se manifesta plus tard avec tant d’éclat, qu’on eût dit le son d’une trompette retentissante, ou quelque son bien plus perçant encore. Car cet événement, si secret alors, a été connu de presque tous ceux qui habitent la terre, et il s’est si bien révélé par la force des choses, qu’on eût dit le son d’une trompette retentissante, ou quelque son bien plus perçant encore. Car les sons de la trompette n’auraient pas été aussi puissants pour appeler tous les hommes à ce spectacle, que le fut plus tard la voix même des choses quand elle fit connaître l’ascension du Sauveur ; ce miracle, elle le proclama avec un bruit plus éclatant que tous les bruits de la foudre. La terre n’aurait pas entendu le tonnerre aussi distinctement que la proclamation de ce miracle se fit entendre de ceux qui vivaient alors, aussi distinctement qu’elle se fera entendre de ceux qui vivront plus tard. Le tonnerre ne se fait entendre que dans le moment présent, tandis que la voix des choses a transmis le souvenir de ce miracle à toutes les générations avec plus d’éclat que la trompette, avec plus de retentissement que le tonnerre.
On ne se tromperait pas si l’on disait que la bouche des apôtres était une trompette, non pas une trompette d’airain, mais une trompette plus précieuse que l’or, plus précieuse que les diamants. Pourquoi cette expression : « Dans la voix de la trompette ? » C’était pour montrer son esprit de concorde, comme le témoigne aussi saint Paul : « Ainsi, soit que ce soit moi, ou eux qui vous prêchent, voilà ce que nous prêchons. » (1Cor. 15,11) Et ailleurs : « Toute la multitude de ceux qui croyaient n’avait qu’un cœur et qu’une âme. » (Act. 4,32) Le son de cette trompette n’appelait pas les hommes au combat, mais il leur annonçait le triomphe et la bonne nouvelle. Dans les armées, quand on part pour la guerre, les trompettes avec les étendards donnent le signal et la direction de la marche ; les soldats présents dans le rang sont animés et parce qu’ils voient et par ce qu’ils entendent : c’est aussi ce qui se passait alors. Dans chaque ville où pénétraient les apôtres, leur trompette retentissait et tous accouraient pour entendre. « Chantez à la gloire de notre Dieu ; chantez, chantez à la gloire de notre R. chantez (7). Chantez avec sagesse, parce que Dieu est le roi de toute la terre (8). Dieu a régné sur les nations (9). » Après avoir décrit la grandeur du triomphe, l’auteur du psaume invite la terre à témoigner sa joie et son zèle : aussi répète-t-il deux fois le même mot. Il ne dit pas simplement de chanter, il dit aussi : « Chantez avec beaucoup de sagesse. » Que faut-il entendre par ces mots : « Chantez avec sagesse ? » C’est-à-dire après avoir pris connaissance des faits, et compris la grandeur des événements. Pour moi, je crois que ces mots : « avec sagesse », cachent encore une autre signification : ce n’est pas seulement notre voix, ce n’est pas seulement notre langue, mais aussi nos actions et notre vie qui doivent chanter à la gloire de Dieu. Car Dieu, dit-il, « a régné sur les nations », et comme dit un autre : « Au-dessus des nations. » De quelle royauté veut-il parler là ? non pas de cette royauté qui appartient à Dieu par le droit de la création, mais de cette royauté qui lui appartient pour l’avoir appelé à lui. Auparavant sans doute il régnait sur toutes choses, puisqu’il a fait et créé toutes choses : mais aujourd’hui il règne sur des sujets dociles et reconnaissants. Ce qui doit surtout provoquer nos actions de grâces et exciter notre admiration, c’est que celui qui, auparavant, était insulté par les Juifs, a opéré dans le monde un tel changement, qu’on le chante en tous lieux, et que ceux qui n’ont pas lu les prophètes, qui n’ont pas été élevés dans la Loi, qui vivaient à la manière des bêtes sauvages, ont été changés tout d’un coup, ont rejeté toutes les séductions de l’erreur et se sont soumis. Et ce n’est pas deux ou trois, ou quatre nations ni dix, qui
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