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sens les livres sacrés, les scribes enseignaient le contraire de la loi, enfin Hérode cherchait Celui qui venait de naître non pour l’honorer, mais pour le faire périr.
Dans ce jour, tout ce qu’ils voyaient était contradiction. « Car », ainsi que le dit le Psalmiste, « ces choses n’ont point été cachées à leurs fils dans la génération suivante. » (Psa. 77,4) Des rois arrivèrent, et c’était pour vénérer le roi céleste qui venait sur la terre, non pas accompagne des anges, des archanges, des trônes, des dominations, des puissances, des vertus ; mais parcourant un chemin nouveau, une route non frayée, et sortant d’un sein immaculé. Cependant, il n’abandonnait pas le gouvernement des légions célestes, ni ne se dépouillait de sa divinité lorsqu’il se faisait homme : les rois vinrent l’adorer comme le céleste Roi de gloire ; les soldats le reconnurent comme le Seigneur des armées ; les femmes le vénérèrent comme né de la femme et changeant les douleurs de la femme en joie et en allégresse ; les vierges le proclamèrent comme fils d’une vierge admirant que Celui qui a fait le lait et les mamelles et qui a donné au sein de la femme d’être une source intarissable reçoive d’une mère vierge la nourriture des petits enfants ; les enfants l’ont vu devenir petit enfant afin que de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle sortît fa louange parfaite ; les enfants ont vu en lui l’enfant qui s’est servi de la fureur d’Hérode pour donner à leur âge la gloire du martyre ; les hommes faits ont reconnu Celui qui s’est fait homme pour apporter remède aux maux de ceux qui vivaient sous le joug ; pour les pasteurs, il est le bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis ; pour les prêtres, il est le souverain Pontife selon l’ordre de Melchisédech (Heb. 7,17 ; Psa. 109,4) ; pour les esclaves, il est Celui qui a pris la forme (le l’esclave afin (le nous racheter de la servitude (Phil. 2,7) ; pour les pécheurs, il est Celui qui a tiré de leurs filets ceux qui ont été envoyés pour ramener les hommes ; pour les publicains, Celui qui a choisi un publicain afin d’en faire un évangéliste ; pour les femmes de mauvaise vie, Celui dont les pieds furent arrosés (les larmes d’une courtisane ; et, pour tout dire en un mot, les pécheurs ont pu voir en lui l’Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde ; les mages lui ont fourni sa garde royale, les pasteurs l’ont environné de leurs bénédictions, les publicains ont annoncé son Évangile, les courtisanes l’ont embaumé avec la myrrhe, la Samaritaine a eu soif de la source de vie qu’il fait connaître, et la Chananéenne a montré envers lui sa foi inébranlable.
Puisque tous se réjouissent ainsi, je veux aussi me réjouir, je veux former des chœurs, je veux célébrer une fête, mais je formerai des chœurs non en pinçant la cithare, non en agitant le thyrse, non en m’accompagnant de la flûte, noir en portant (les torches allumées, je veux, ni lieu d’instruments de musique, porter les langes du Christ. Ces langes sont mon espérance, ma vie, mon salut ; ils me tiennent lieu de flûte et de cithare. C’est pourquoi je m’avance en les portant, afin que leur puissance soit toute la force de mon discours et que je puisse, dire avec fange : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » avec les pasteurs « Et la paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! » (Luc. 2,14)
Aujourd’hui, celui qui est né du Père d’une manière ineffable est né de la Vierge, pour l’amour de moi, (l’une manière inexplicable et merveilleuse. Il est né du Père, avant les siècles, conformément aux lois de sa nature et Celui qui fa engendré le sait ; aujourd’hui, il est né en dehors des lois de la nature et la grâce de l’Esprit-Saint en est témoin. Sa génération céleste est légitime et la génération terrestre ne l’est pas moins ; il est vraiment le Dieu engendré de Dieu, il est vraiment homme né d’une vierge. Dans le ciel, il est le seul Fils unique d’un seul ; sur la terre, il est le seul Fils unique d’une vierge seule. De même que dans sa génération céleste il serait impie de lui chercher une mère, de même dans sa génération terrestre ce serait un blasphème de lui chercher un père. Le Père a engendré sans écoulement de sa substance et la Vierge a enfanté sans connaître la corruption. Dieu n’a point souffert d’écoulement de sa substance, car il a engendré comme il convenait à un Dieu, et la Vierge n’a point connu la corruption lorsqu’elle enfantait, parce qu’elle a enfanté spirituellement [1]. D’où il suit que sa génération céleste ne peut être expliquée par des paroles humaines et que sa venue dans le temps ne peut être le sujet de nos investigations. Je sais qu’une vierge a enfanté aujourd’hui, et je crois qu’un Dieu a engendré en

  1. C’est-à-dire par l’opération du Saint-Esprit.