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dit-il : « Qui racontera sa naissance? » (Isa. 3,8) Vous m’objectez qu’il ne parle que de sa naissance céleste ? Mais Paul, qui, après avoir parlé des deux naissances, ajoute : « Il n’a pas de généalogie ?… » C’est pour que vous croyiez qu’il n’en a ni selon cette première naissance, dans laquelle il n’a pas de mère ; ni selon sa naissance terrestre, dans laquelle il n’a pas de père ; qu’après les avoir rappelées toutes les deux, il a dit : « Il n’a pas de généalogie. » Et en effet, si sa naissance ici-bas est incompréhensible, oserions-nous seulement lever les yeux sur sa naissance de là-haut ? Si le vestibule du temple est aussi redoutable, aussi inaccessible, qui entreprendra de pénétrer dans le sanctuaire ? Il a été engendré parle Père, je le sais. Mais comment ? je l’ignore. Il a été enfanté par la Vierge, je le sais. Mais comment ? je ne le comprends pas davantage. Sa double naissance est un fait reconnu, mais la manière dont elles se sont opérées l’une et l’autre est un mystère. Sans doute je ne sais pas comment il est né de la Vierge, mais je n’en reconnais pas moins qu’il est né d’elle, et ne me fais pas une arme de ce que j’ignore ; pour supprimer le fait, agissez de même à l’égard du Père. Vous ne savez pas comment Jésus est né du Père, reconnaissez cependant qu’il est né de lui. Et si les hérétiques vous disent : « Comment le Fils est-il né du Père ? abaissez leur orgueil vers cette terre, et dites-leur : Descendez des cieux et expliquez-nous comment il est né de la Vierge et puis vous pourrez regarder plus haut. Retenez-les, enfermez-les, ne leur permettez pas de reculer et de faire retraite dans le labyrinthe des raisonnements ; retenez-les, serrés, non pas sous votre main, mais sous votre parole ; ne leur donnez pas le loisir d’échapper par où ils voudront. Car, s’ils nous embarrassent dans les discussions, c’est que nous les suivons sur leur terrain, au lieu de les amener au pied des lois des saintes Écritures. Tenez-les assiégés de toutes parts par les témoignages de l’Écriture, et ils ne pourront pas même ouvrir la bouche. Dites-leur : Comment est-il né de la Vierge ? Je ne vous lâche pas, je ne recule pas. Ils ne sauraient vous le dire, quand ils l’essayeraient mille fois ! Lorsque Dieu nous cache un secret, qui le découvrira ? La foi seule peut alors nous instruire. Si vous ne pouvez comprendre et que vous cherchiez à raisonner, je vous dirai comme le Christ à Nicodème : « Je vous ai parlé des choses terrestres et vous ne me croyez pas ; comment me croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? » (Jn. 3,12) Je vous ai parlé de l’enfantement d’une Vierge, et vous ne savez que dire, et vous n’osez ouvrir ta bouche, et voilà que vous avez la curiosité de rechercher la naissance du Christ dans les cieux ? Et encore s’il ne s’agissait que des cieux ! Mais c’est le Maître même des cieux que vous prétendez pénétrer ! – « Je vous ai parlé des choses terrestres et vous ne me croyez pas. » Il ne dit pas, vous n’êtes pas persuadés, mais « vous ne me croyez pas, » me montrant par là que si les choses terrestres mêmes exigent la foi, à plus forte raison les choses célestes l’exigeront-elles. Et pourtant il parlait alors à Nicodème d’un genre de naissance bien inférieur : c’était du baptême et de la régénération spirituelle ; et il est bien évident que ce sont choses intelligibles pour la foi seule. Et s’il les appelait terrestres, ce n’est pas qu’elles le soient vraiment, mais c’est qu’elles se consomment sur la terre, et qu’en comparaison de cette divine naissance, de cette ; naissance inénarrable et au-dessus de toute intelligence, elles sont véritablement terrestres. Si donc notre régénération par les eaux du baptême ne peut être comprise, mais que la foi seule la puisse entendre, sans avoir à rechercher comment elle s’opère, quelle folie ne serait-ce pas que de mettre en œuvre les raisonnements humains pour découvrir la naissance céleste du Fils unique et de vouloir s’en rendre compte ? – Non, le Fils de Dieu n’a ni père, ni mère, ni généalogie : nous avons bien démontré comment.
3. Mais puisqu’il en est beaucoup qui, ne comprenant pas ce qui est écrit de Melchisédech, l’ont proclamé plus grand que le Christ, puisqu’ils ont suscité une hérésie, sous le nom de Melchisédécites, et qu’ils disputent avec nous, prétendant montrer qu’il est plus grand que le Christ, et s’appuyant sur ces mots : « Tu es pontife à jamais selon l’ordre de Melchisédech (Psa. 109,4), » il faut leur répondre. Voici leur raisonnement : Comment ne serait-il pas plus grand que le Christ, quand le Christ est pontife à son image et selon son ordre ? Mais nous, nous disons qu’il est un homme de notre espèce, si loin d’être plus grand que le Christ, qu’il n’est pas même plus grand que Jean-Baptiste : car, « il n’en a pas paru un seul plus grand que Jean-Baptiste, »