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S’il en était ainsi du peuple privilégié, demandez-vous ce qu’étaient les autres contrées de la terre, possédées des démons, soumises au mal, esclaves de toutes les passions, elles qui honoraient des morceaux de bois, adoraient des pierres, des montagnes, des collines, des forêts, des arbres, des lacs, des sources, des fleuves ? À quoi bon en dire davantage ? Les crimes des Juifs suffisent à nous faire juger du débordement du mal chez les autres nations. « C’étaient des chevaux en « rut, et chacun d’eux hennissait après la femme de son voisin. » (Jer. 5,8) « Le bœuf a reconnu son possesseur, l’âne l’étable de son maître, mais Israël ne m’a pas reconnu. » (Is. 1,3) « Des chiens muets, qui ne pouvaient aboyer. » (Is. 56,10) « Tu as pris la figure d’une courtisane ; tu as dépouillé publiquement toute pudeur. » (Jer. 3, 3) « Il n’en est pas un qui comprenne, pas un qui cherche Dieu : tous ont détourné leurs regards, et aussitôt ils sont devenus « inutiles. » (Ps. 13,2, 23) Et un autre : « En vain le fondeur fond l’argent au creuset leurs iniquités n’ont pas disparu. » (Jer. 6,29) Un autre encore : « L’imprécation, le mensonge, le vol, le meurtre, l’adultère se sont répandus sur la terre, et le sang se mêle au sang. » (Os. 4,2) Un autre encore : « Si l’Éthiopien change sa peau, la panthère son pelage tacheté, ce peuple aussi pourra juger, ayant appris à discerner le mal. » (Jer. 13,23) Et celui-ci : « Malheur, ô mon âme ! L’homme pieux a disparu de la terre, et le juste ne se rencontre plus parmi les hommes : tous jugent les mains dans le sang. » (Mic. 7,2) Puis c’est Dieu : « Je hais, je repousse vos fêtes, et je n’accepterai pas l’odeur des victimes que vous immolez dans vos assemblées. » (Amo. 5,4) Élie dit : « Ils ont renversé tes autels, et tué tes prophètes, et je suis resté seul, et ils me cherchent pour me tuer. » (1R. 19,10) Et Dieu encore : « J’ai quitté ma maison, j’ai abandonné mon héritage, j’ai remis ma vie aux mains de mes ennemis. » (Jer. 12,7) fuis David : « Ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux démons, et ils ont versé un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs filles. » (Ps. 106,37-36)
4. Avez-vous vu la tyrannie du mal ? Ils sont devenus semblables à des chiens, à des chevaux, plus déraisonnables que des ânes, plus inintelligents que des bœufs, et leur folie a outragé la nature même. Mais après l’Incarnation du Christ, que dit l’Écriture : « Notre Père, qui êtes dans les cieux. » (Mt. 6,9) Auparavant elle disait : « Va-t’en vers la fourmi ; paresseux (Prov. 6,6) ; » mais après nous avons été élevés au rang, de fils, inscrits au ciel, et nous nous mêlons aux chœurs des anges, et nous prenons part à leurs chants, et nous rivalisons avec les puissances incorporelles. Les autels ont disparu, les temples ont été détruits. Les pierres nous ont paru des pierres, le bois, du bois ; les arbres, des arbres ; les sources, des sources. Le soleil de la justice a brillé (Mal. 4,2) ; il nous a dévoilé la nature, ensevelie jusque-là dans la nuit par les ténèbres de l’erreur, et les ombres profondes de l’ignorance, qui troublaient et offusquaient notre vue. Depuis que de ses rayons le Soleil de la justice a dissipé les nuages épais de l’erreur, partout, règnent la lumière et le jour, ou plutôt l’étincelante clarté du plein midi. Les Perses, qui épousaient leurs mères, observent maintenant la virginité ! Ceux qui méconnaissaient leurs enfants et les égorgeaient, sont devenus des modèles de bonté, d’humanité ! Les loups ont pris la douceur des brebis ! Oui, et ceux mêmes qui étaient plus cruels que des loups ! Car le loup ne renie pas la nature : il reconnaît son petit ; or les hommes étaient plus féroces que les loups. Mais depuis l’Incarnation du Fils unique, et la dispensation de ses grâces, ils ont dépouillé leur férocité, et sont revenus à leur ancienne noblesse ; que dis-je, ils se sont élevés à la vertu des anges ! Auparavant les villes étaient pleines d’impiété : aujourd’hui le désert même apprend la sagesse avec les cabanes des moines, qui, dans les montagnes et les forêts, imitent la vie des anges, après avoir dépouillé la vie du siècle. Et qu’est-il besoin de paroles étudiées, quand les faits parlent eux-mêmes, et montrent avec une lumière plus éclatante que le soleil, les bienfaits qui ont inondé la terre après ce miraculeux et saint enfantement d’une vierge, après la rédemption du genre humain et l’Incarnation du Sauveur.
Eh bien ! cette œuvre si grande et si belle, il l’a faite de lui-même, et Paul nous le proclame, en disant : « Jésus-Christ, qui ayant la forme de Dieu n’a pas cru que ce fût pour lui une usurpation d’être égal à Dieu ; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la