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  • 4. Du grand, avantage qu’on retire de la confession.
  • 5. Disposition excellente d’Isaïe pour le ministère prophétique : Me voici, Seigneur, envoyez-moi.
  • 6. Message qu’Isaïe reçoit de Dieu pour les Juifs.


1. Pourquoi le Prophète qui désigne ordinairement les armées parla vie des rois, désigne-t-il celle-ci par la mort d’Ozias ? Car il ne dit pas « Il arriva pendant la vie d’Ozias », ni « sous le règne d’Ozias », mais bien « Lorsqu’il mourut. » Pourquoi en agit-il ainsi en cet endroit ? Ce n’est pas sans raison ni motif, mais par un dessein caché. Quel est-il ? Cet Ozias que sa bonne fortune avait exalté, que sa prospérité avait enivré, était devenu trop orgueilleux. Parce qu’il était roi, il avait cru pouvoir sacrifier, il s’était jeté dans le temple, avait pénétré dans le saint des saints, et bien que le grand prêtre voulût l’en empêcher et lui défendre l’entrée du sanctuaire, il n’en avait pas tenu compte, et persistant dans sa folle entreprise, il avait rejeté les paroles du pontife. Pour le punir de cette impudence, Dieu l’avait frappé de lèpre sur le front. Pour avoir voulu usurper l’honneur d’autrui il avait perdu le sien. Car non seulement il n’obtint pas le sacerdoce, mais devenu impur, il fut chassé du palais, et il passa le reste de sa vie, caché dans une maison, ne pouvant supporter sa honte. Le peuple tout entier fut aussi puni, parce qu’il avait méprisé les lois du Seigneur et qu’il n’avait pas vengé l’honneur du sacerdoce outragé. Et comment fut-il puni ? Par la cessation du ministère des Prophètes : Dieu dans sa colère ne leur répondit plus rien à quoi que ce fût. Il ne le fit cependant pas pour toujours, mais il assigna pour terme à cette punition le terme de la vie du roi. Quand celui-là fut sorti de la vie, Dieu sortit aussi de sa colère et ouvrit en quelque sorte de nouveau les portes de la prophétie. C’est pour nous faire souvenir de cela que le Prophète rappelle l’année de la mort du roi. Voici le commencement de sa prophétie : « Il arriva que, l’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis. » Et cependant le Christ dit : « Personne n’a jamais vu le Père ; le Fils unique qui est dans le sein du Père est celui qui l’a fait connaître. » (Jn. 2,18) Et encore : « Non que personne ait vu le Père, si ce n’est celui qui est de Dieu, car celui-là a vu le Père. » (Jean, vil, 46) Et il dit lui-même à Moïse : « Personne ne pourra voir ma face et vivre encore. » Comment donc Isaïe peut-il dire qu’il a vu le Seigneur ? « J’ai vu », dit-il, « le Seigneur. » Il n’a rien dit de contraire aux paroles du Christ, rien qui ne leur fût conforme. Le Christ parle en effet d’une vue claire, telle que personne ne l’a eue ; or nul autre que le Fils n’a vu cette nature divine à découvert et sans ombre, et le Prophète dit qu’il en a eu une vue conforme à sa propre nature. Il n’a pas vu ce que Dieu est, mais il l’a vu comme en figure, et Dieu avait bien voulu s’abaisser autant que le demandait la faiblesse du Voyant. Que ni lui ni les autres prophètes n’aient vu la divinité à découvert, leurs paroles le montrent clairement. « J’ai vu, e dit-il, « le Seigneur assis. » Priais Dieu ne s’assied point ; c’est une figure empruntée au corps. Et non seulement « assis », mais « sur un trône. » Or, rien ne peut contenir Dieu comment pourrait-il être contenu quelque part, Celui qui est présent partout, qui remplit tout, « dans la main duquel sont les limites de la terre ? » (Ps. 94,4) Ce qui montre que si cette vision avait lieu, c’est parce que Dieu s’abaissait. C’est ce qu’indique encore un autre prophète, parlant au nom de Dieu : « J’ai multiplié les visions (Os. 12,10) ; » c’est-à-dire, je me suis laissé voir de diverses manières. Si c’était sa substance pure que l’on eût découverte, on ne l’eût pas vu de diverses manières. Mais pour marquer que c’était par condescendance qu’il se laissait voir aux prophètes, tantôt de cette manière, tantôt de cette autre, conformant ces visions aux diverses circonstances, il dit : « J’ai multiplié les visions, et les prophètes m’ont représenté à vous sous des images différentes. » Je n’ai pas paru comme j’étais, veut-il dire, mais je me suis conformé à la faiblesse de ceux qui me regardaient. Aussi vous le voyez, tantôt assis, tantôt armé, tantôt couvert de cheveux blancs, tantôt au grand air, tantôt dans le feu, tantôt st ; détournant, tantôt sur les chérubins, tantôt enfin, plus éclatant que les métaux les plus brillants. Dire pourquoi il apparaît tantôt armé et couvert de sang, tantôt dans le feu, tantôt se détournant, tantôt dans le ciel, tantôt sur un trône, tantôt sur les chérubins, ce n’en est pas ici le lieu, de peur que le hors-d’œuvre n’absorbe l’œuvre. Cependant la vision présente demande que