que l’âme ne s’égare, ne se laisse distraire, ce qui nous arrive souvent lorsque nous prions, que nous chantons des hymnes. Le Psalmiste veut le concert de l’âme et du corps. Quand vous priez sans écouter les paroles divines, comment voulez-vous que Dieu écoute votre supplication ? Donc, si le Psalmiste dit : « O mon âme, louez le Seigneur, » c’est pour faire entendre ceci : les supplications doivent partir du dedans de notre être, des profondeurs de notre cœur. C’est ainsi que Paul dit : « Je prierai de cœur, et je prierai aussi avec intelligence. » (1Co. 14,15) L’âme est un musicien excellent, c’est un artiste ; son instrument, c’est le corps qui lui tient lieu de cithare, de flûte et de lyre. Les autres musiciens n’ont pas toujours tous leurs instruments ; tantôt ils les prennent, tantôt ils les mettent de côté ; ils ne font pas entendre perpétuellement leur mélodie ; et par conséquent, ils n’ont pas toujours leurs instruments entre les mains. Mais Dieu, qui veut t’apprendre que toi, tu dois toujours le glorifier et le bénir, a pris soin de te donner un instrument ; d’attacher à ta personne un instrument qui ne te quitte pas. Ce qui prouve qu’il faut le louer toujours, ce sont ces paroles de l’Apôtre : « Priez sans cesse, rendez grâces à Dieu en toutes choses. » (1Th. 5,17-18) Donc, comme il faut le prier sans cesse, sans cesse l’instrument se trouve attaché à l’artiste. « O mon âme, louez « le Seigneur ; » il n’y avait d’abord qu’une voix qui faisait entendre ces paroles, la voix de David ; mais maintenant qu’il est mort, d’innombrables langues répètent ces paroles, non-seulement chez nous, mais par toute la terre. Comprenez-vous bien qu’il n’est pas mort, qu’il est vivant ? Comment serait-il mort, celui qui a tant de langues, et qui parle par tant de bouches ? En vérité c’est une grande chose que l’hymne de la louange ; c’est l’âme qui se purifie, c’est la ferveur qui se saisit de nous.
Voulez-vous comprendre l’efficacité des hymnes qui s’élèvent vers Dieu ? Erg chantant des hymnes, les trois jeunes gens ont éteint la fournaise de Babylone ; disons mieux, ils ne l’ont pas éteinte, mais ce qui est bien plus merveilleux, ils ont foulé sous leurs pieds, comme si c’était de la boue, la flamme brûlante ; l’hymne faisant son entrée dans la prison de Paul, a fait tomber ses liens, a ouvert les portes de son cachot, a ébranlé les fondations de l’édifice, a rempli le geôlier d’épouvante. « Au milieu de la nuit, » dit l’Écriture, « Paul et Silas chantaient des hymnes. » (Act. 16,25) Et ensuite, qu’est-il arrivé ? Vous le demandez ? Ce qui surpasse toute attente, toute croyance ; les liens sont tombés, et ceux qui étaient liés, ont enchaîné ceux qui n’avaient pas de liens. Cependant, à quoi servent les liens ? À tenir fortement enchaîné celui qu’ils serrent, à l’assujettir à ses gardiens. Or, voyez, le geôlier, qui n’était pas enchaîné, est venu se mettre aux pieds de Paul, chargé de liens. Les liens sensibles contiennent celui qui est lié ; les liens du Christ, au contraire, ont la vertu de soumettre ceux qui ne sont pas enchaînés à ceux qui sont chargés de fers. Le geôlier avait jeté les captifs dans l’intérieur de la prison, et ces prisonniers de l’intérieur, ont ouvert les portes du dehors ; le geôlier, avec du bois\f + ft Il s’agit ici de l’instrument de torture, nommé cep, qui était en bois et servait à garrotter les prisonniers.</ref>, avait fait des entraves à leurs pieds, et ces pieds, chargés d’entraves, ont rendu libres des mains captives. « Enfin, » dit l’Écriture, « le geôlier tomba à ses pieds, saisi de crainte, tremblant, gémissant, tourmenté, versant des larmes. » (Act. 16,29) Que se passe-t-il donc ? Ne l’avais-tu pas enchaîné ? Ne l’avais-tu pas mis en un lieu dont tu étais sûr ? Et pourquoi t’étonner, ô homme, qu’il ait ouvert la porte de la prison, celui qui a reçu la puissance d’ouvrir le ciel ? « Tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre, sera aussi délié dans le ciel. » (Mat. 18,18) Il a fait tomber les liens des péchés, pourquoi t’étonner qu’il ait fait tomber des liens de fer ? Il a fait tomber les liens des démons, il a affranchi les âmes enchaînées par eux, pourquoi t’étonner qu’il ait délivré les prisonniers ? Et voyez, le miracle est double : il a délié et il a enchaîné, il a délié les liens et il a enchaîné les cœurs. Les prisonniers ne savaient pas qu’ils étaient déliés ; il a ouvert et il a fermé ; il a ouvert les portes de la prison, et il a fermé les yeux des prisonniers, de telle sorte qu’ils ne s’aperçurent pas que les portes étaient ouvertes, et qu’ils n’en profitèrent pas pour prendre la fuite. Avez-vous bien compris ce miracle qui lie et délie, qui ouvre et qui ferme ?
4. Ce qui s’est passé pendant la nuit, afin que l’affaire ne fît pas de bruit, ne causât aucune
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