rempart c’est la croix, c’est la déclaration qu’il a faite du pouvoir qui lui est propre, par lequel il a partout élevé son enceinte, quand il a dit « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. » (Mt. 16,18)
4. Aussi, dans le principe, empereurs et rois, tous, peuples et cités, les armées des anges déchus, toute la puissance du démon assaillirent l’Église de mille manières ; cependant tous ces efforts ont été déjoués ; tous ces ennemis, réduits au néant ; l’Église, au contraire, a grandi et s’est élevé si haut que sa tête domine au-dessus des cieux. « Il a béni tes enfants, au milieu de toi. » De même qu’aux premiers jours du monde, Dieu avait dit : « Croissez, et multipliez, et remplissez la terre (Gen. 1,28) », et la terre entière a entendu cette parole ; de même, plus tard : « Allez et instruisez toutes les nations (Mt. 28,19) ; » et : « Cet évangile sera prêché dans le monde entier (Mt. 26,13) ; » et il est arrivé que les extrémités de la terre, en un instant, ont été envahies par le commandement du Seigneur ; voilà pourquoi le Seigneur même disait : « Si le grain de froment ne meurt pas après qu’on l’a jeté en terre, il demeure seul ; mais quand il est mort il porte beaucoup de fruits ; » et plus loin
« Quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tout à moi. » (Jn. 12,21, 32) Et aux premiers jours du monde, un grand nombre d’hommes sont sortis d’un seul, la multitude s’est accrue d’après la loi de la nature, de là vient que les progrès ont été lents ; mais, au temps des apôtres, ce n’est pas par la loi de la nature, c’est par la grâce que la multitude a grandi, et voilà pourquoi, d’un seul coup, en un seul jour, trois mille bientôt, et bientôt cinq mille hommes, et bientôt des multitudes innombrables, et bientôt l’univers tout entier s’est transformé, régénération magnifique ; la foule s’est accrue et multipliée, et a témoigné, par la réalité même des choses, de la bénédiction qu’elle avait reçue. « Ces hommes-là, en effet, ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair. » (Jn. 1,13) C’est la grâce de Dieu qui les a fait naître : « Il établit la paix sur tes frontières (3). » Ce qui s’applique, avec une admirable propriété, à l’Église, car, ce qu’on ne peut trop admirer, c’est qu’au sein de la guerre, elle jouissait de la paix ; quand les ennemis l’entouraient de toutes parts, elle jouissait de toutes les délices de la sécurité parfaite. Aussi le Seigneur dit-il lui-même : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. » (Jn. 14,27) « Et il te rassasie du meilleur froment. » Ce qui peut se prendre aussi pour l’aliment spirituel de l’Église, car l’Église nous donne le pain de la vie. « Il envoie sa parole à la terre et cette parole court avec vitesse (1). » Quelle est cette parole, répondez-moi, je vous en prie ? Celle qui, portée par les apôtres, a pris partout son essor, plus rapide que l’oiseau, ce que David exprime dans un autre passage, en disant : « Le Seigneur remplira de sa parole les hérauts de sa gloire, afin qu’ils l’annoncent avec une grande force. » (Ps. 67,12) A l’insensé qui douterait ici, les éléments doivent suffire, pour démontrer la vérité. Comment la neige tombe-t-elle, en si grande quantité, et si subitement, de manière à couvrir, en un instant, toute la terre ? et il ne faut pas de longues heures pour due la surface envahie soit tout entière couverte. Le Psalmiste était un prophète ; il convenait qu’il prédit l’avenir et en même temps qu’il s’exprimât par des figures, et il devait développer les images que fournissent tes éléments. Or, ce qu’il dit revient à ceci : Il arrivera que la terre entière sera fortifiée par la parole de Dieu, et rapidement, et dans un instant bien court. Ensuite, pour prévenir les doutes qui pouvaient résulter de ce que les Juifs, si longtemps l’objet d’une providence si attentive, y ont répondu par des égarements si coupables ; pour prévenir cette objection : comment les habitants dispersés à la surface de l’univers pourront-ils, en un temps si court, se réunir dans la vertu, dans la conformité de la modération et de la sagesse ? Comme confirmation de la vérité qu’il démontre, le Psalmiste emprunte ses exemples aux éléments, à la neige, au brouillard, à la glace qui se forme en un instant. Ne refusez donc pas votre foi, quelle que soit la mobilité de l’esprit des Juifs. Mais les contradicteurs sont nombreux ! Eh bien ! eux aussi, ils disparaîtront, ils se soumettront. Le froid facile à supporter devient plus vif, et personne n’y résiste, et tous se retirent et cèdent la place ; à bien plus forte raison, cèdent à la parole, et au commandement du Seigneur, toutes les résistances qui la combattent ; car il peut changer les substances, mettre au jour ce qui n’existe pas et fortifier ce qui existe par lui, au point de faire de ses créatures des puissances
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