Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

que toutes choses sont distribuées dans le temps qui convient à chacune d’elles, ou bien que Dieu donne la nourriture aux indigents, à ceux qui éprouvent le manque de ressources. Et pourquoi le Palmiste dit-il, me demandera-t-on : « Tous, Seigneur, ont les yeux tournés vers vous ? » Certes, un grand nombre de personnes attribuent tout au hasard, ainsi font les impies. Le Psalmiste exprime ici la vérité absolue du fait, comme lorsqu’il dit, dans un autre passage : « Il nourrit les petits des corbeaux, qui invoquent son secours (Ps. 146,9) », quoique ce soient des animaux qui n’ont pas la raison en partage. « Et les petits des lions rugissent après leur proie, et demandent à Dieu leur nourriture. » (Ps. 103,21) Assurément ces animaux sans raison, ne demandent rien à Dieu, à vrai dire ; mais, ici encore, le Psalmiste a en vue ce qu’il y a d’absolument vrai dans le fait qu’il rapporte, et ce n’est pas de la disposition intérieure des animaux, mais de la réalité des choses qu’il faut entendre ces paroles. « Vous ouvrez votre, main, et vous remplissez tous les animaux de bon plaisir (16). ». « Main » signifie ici l’opération divine, la force qui fournit. Toutes les paroles du Psalmiste montrent que ce n’est pas dans les éléments, mais dans la Providence divine, que réside la génération de tous les fruits. Et de plus, maintenant, pour montrer la facilité de l’œuvre, il dit : « Vous ouvrez votre main. » Les hommes d’alors, abandonnant la principale cause de tout ce qui existe, adoraient l’air et le soleil, auxquels ils se croyaient redevables de tous les fruits. Le Psalmiste, pour élever les esprits au principe suprême, à l’auteur de toutes choses, au Seigneur, fait souvent entendre les mêmes paroles ; il montre que c’est de sa main, c’est-à-dire, du soin qu’il prend de nous, de sa Providence, que nous viennent tous les biens qui nous inondent.
5. « De bon plaisir ; vous remplissez tous les animaux de bon plaisir. » Cela veut dire que Dieu remplit chaque être animé, de ce que veut cet être animé, de ce qui plaît à chacun de ces êtres. En effet, Dieu ne donne pas simplement la nourriture, mais il la donne selon l’utilité de chacun, selon le désir de chacun, de manière à rassasier ; voici ce que dit le Psalmiste : Et aux êtres sans raison, et aux hommes, et à tous les êtres, vous donnez ce qui est agréable à chacun, ce qui plaît à chacun ; et non seulement vous donnez mais vous donnez de manière à remplir, de manière que rien ne manque. Voilà pourquoi il dit : « Vous remplissez tous les animaux de bon plaisir. Le Seigneur est juste dans toutes ses voies, et saint dans toutes ses œuvres (17). » Ce qu’il entend par « voies », ici, c’est le gouvernement, la providence la sollicitude, avec laquelle Dieu a tout formé. Toutes ses œuvres, dit-il, célèbrent ses louanges, sont pleines de merveilles, qui ne laissent à personne aucun prétexte de blâme, quoiqu’il y ait des gens que, la colère possède, qu’agite une fureur insensée. ; Toutes ses œuvres sont naturellement brillantes, resplendissantes, proclamant la prévoyance de l’ouvrier, sa sollicitude, son affection pleine de tendresse, sa justice, sa sainteté. « Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent en vérité (18). » Et voici ; maintenant un autre caractère de la Providence, et qui résume tous les biens. Après avoir dit les présents faits en commun même aux infidèles, les aliments et les pluies, le Psalmiste ajoute les dons particuliers pour les fidèles. Quels sont-ils ? D’être près d’eux, de les défendre, de prendre soin d’eux ; de déployer, pour eux, une plus grande providence ; d’être, pour eux, plein de bonté, de miséricorde, de douceur, de leur révéler les vrais biens.
« Il accomplira la volonté de ceux qui craignent, il exaucera leur prière et les sauvera (19). » Mais, dira-t-on, Paul voulait écarter de lui l’ange de Satan (2Cor. 12,8 c’est-à-dire, les tentations, les afflictions, les assauts perfides, et Dieu n’a pas fait ce que voulait Paul. Au contraire, il l’a fait, car lorsque Paul eut compris que ce qu’il demandait n’avait aucune utilité, il conçut une volonté contraire, une volonté forte, et qui était l’ouvrage de Dieu. Et voilà pourquoi Paul disait : « Je me plais dans les faiblesses, dans les afflictions, dans les persécutions. » (2Cor. 12, 10) S’il voulait d’abord tout le contraire cette volonté provenait de son ignorance ; mais, une fois qu’il eut appris que Dieu voulait qu’il fût éprouvé, Paul consentit sans peine la volonté de Dieu. Et, en effet, autre n’est pas la volonté de Dieu, autre la volonté de ceux qui le craignent ; et si parfois ceux-ci veulent ce que demandent les autres hommes, ils se corrigent bientôt. « Le Seigneur garde tous ceux qu’il aime, et il perdra tous les pécheurs