qu’est cette gloire, il ajoute : « Votre règne est un règne qui s’étend dans tous les siècles (13). » Il ne se borne pas, dit-il, au siècle présent, mais il s’étend sur ceux qui viennent ensuite. Règne sans fin, règne sans limites, qui n’a pour limites que l’éternité. « Et votre empire, passe de race en race, dans toutes les générations. » Concevez, par là encore, que c’est un règne sans fin, comprenant tout dans l’univers, comprenant tout dans la série des siècles, comprenant tout dans l’étendue des temps. « Le Seigneur est fidèle dans toutes ses paroles, et saint dans toutes ses œuvres. » Après avoir dit que ce règne est sans fin, stable, solide, en dehors de tout changement, il exprime maintenant ce que la divine parole a de solide ; car cette expression Fidèle, veut dire ferme, vrai. Si le Seigneur est fidèle, ses paroles subsisteront absolument. Or, de même que son règne est en dehors de toute déchéance et n’a pas de limites, de même ses paroles sont solides et fermes. Donc, ni son règne n’est interrompu, ni ses paroles ne se perdent. Mais si ces paroles ne se perdent pas, il est nécessaire absolument qu’elles soient suivies de la réalité. Si quelque part il énonce quelque chose qui ne s’est pas accompli, voyez, Comment, même en ce cas, subsiste la vérité de sa parole : « Je prononcerai l’arrêt contre les nations et les royaumes, pour les perdre et les déraciner ; et si ces nations font pénitence de leurs vices, moi aussi je me repentirai des maux que j’avais promis de leur faire. » Et, pour ce qui concerne les bienfaits, de même : « Je promettrai des bienfaits », dit le Prophète, « et si les peuples changent, moi aussi je changerai, je ne me tiendrai pas à ce que j’avais dit. » (Jer. 18,7, 10).
« Et saint dans toutes ses œuvres. » Que veut dire « saint ? » Irréprochable, droit, pur, au-dessus de toute accusation, ne fournissant aucun prétexte de blâme. « Le Seigneur soutient tous ceux qui sont près de tomber, et il relève tous ceux qui sont brisés (14). » Le Psalmiste a dit du règne, qu’il n’a pas de fin ; des paroles, qu’elles sont vraies ; des œuvres, qu’elles sont irrépréhensibles. Il a parlé de la gloire et de la magnificence ; il parle maintenant de la clémence ; et voici, de ce règne, la gloire la plus éclatante non seulement Dieu soutient ceux qui sont debout, mais il prévient, la chute de ceux qui vont tomber, et ceux qui sont à terre, il les redresse. Et, ce qui est plus admirable, ce n’est pas à tel ou tel, mais à tous qu’il apporte ce secours ; à tous, quoique esclaves, quoique pauvres, quoique obscurs, quoique descendus d’êtres obscurs. Le Seigneur est en effet le Seigneur pour tous. Et il ne néglige pas ceux qui sont tombés, et il ne dédaigne pas ceux qui chancellent ; et ce qu’il fait dans la nature entière, il le fait pour chaque être en particulier. Si parmi ceux qui sont tombés il en est qui ne se relèvent pas, il n’en faut pas accuser celui qui veut les redresser, mais ceux qui ne veulent pas qu’on les relève. Quand Judas tomba, il voulut le relever, et, pour le relever, il fit tout, mais Judas ne voulut pas. Pour David, il est certain qu’après sa chute, il le releva et l’affermit ; Pierre allait tomber, il le retint ; voyez comment, écoutez : « Simon, Simon », dit-il, « voici que Satan vous a réclamés, pour vous cribler tous, comme on crible le froment ; et moi j’ai prié pour vous en particulier, afin que votre foi ne détaille point. » (Lc. 22,31-32) Le Psalmiste exprime ensuite un autre genre de bienfaits ; car elle est variée, multiple, la providence que déploie pour nous le Seigneur. « Tous, Seigneur, ont les yeux tournés vers vous, et ils attendent de vous, que vous leur donniez leur nourriture dans le temps propre (15). » Voyez-vous comme il montre que la bonté de Dieu s’étend sur tous, que ses miséricordes s’étendent sur toutes ses œuvres ? De même qu’il est dit dans l’Évangile : « Qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Mt. 5,45) », de même, ici, le Psalmiste, exprimant la même pensée, dit : « Et vous leur donnez leur nourriture dans le temps propre. » En effet, ce ne sont pas les pluies, la terre, l’air, c’est l’ordre de Dieu qui produit les fruits.
Cette expression « dans le temps propre », signifie, toutes choses arrivent à des époques déterminées, et se reproduisent d’après un ordre de successions diverses. C’est là en effet la plus grande preuve de la sagesse divine, que les productions destinées à nourrir tes hommes ne viennent pas toutes en même temps, mais quelles soient distribuées dans toute la durée de l’année, de telle sorte que le laboureur se repose, et que les fruits ne se corrompent : pas. Donc, cette expression « dans le temps propre », signifie, ou bien ce que nous avons dit précédemment,
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