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EXPLICATION DU PSAUME CXXII.


1. « J’AI ÉLEVÉ MES YEUX VERS VOUS QUI HABITEZ DANS LES CIEUX. »

ANALYSE.


Dieu, quelque part qu’on l’invoque, exauce toujours nos prières. Mais c’est à la condition qu’on s’abandonnera ! lui sans réserve, n’ayant d’autre espérance que dans son secours. Il faut surtout se présenter à lui avec les sentiments de l’humilité la plus profonde, car il ne hait rien tant que l’orgueil.
On voit briller partout l’heureux fruit de la captivité, car ceux qui étaient attachés aux choses temporelles et qui mettaient leur confiance dans les Assyriens et les Égyptiens, aussi bien que dans la puissance de leurs murailles et la quantité de leurs richesses, ont abandonné toutes ces espérances, pour se réfugier sous la main invincible du Seigneur, en laquelle seule ils espèrent, l’esprit tourné en haut et détaché des choses de ce monde. Comme ils ne peuvent plus aller, selon leur coutume, dans le temple qui a été détruit, ils invoquent enfin le Dieu du ciel. Quand nous disons qu’il habite dans le ciel, nous ne prétendons pas qu’il puisse être circonscrit dans un lieu : loin de nous une pareille idée ! car il remplit tout. Mais c’est que le ciel est plus spécialement le siège de sa puissance et le lieu de son repos. N’est-il pas écrit aussi qu’il demeure parmi les hommes ? « J’habiterai en eux et je m’y promènerai. » (2Cor. 6,16) Donc, pendant que les Juifs demeuraient parmi les barbares, ils reçurent une grande leçon, car dans le dénuement où ils étaient, de toutes les choses de la vie, ils virent clairement comment Dieu, quelque part qu’on l’invoque, exauce promptement nos prières. Comme le rayon d’un nouveau genre de vie allait briller bientôt à leurs regards, le Prophète prélude aux événements futurs en soulevant peu à peu et d’une manière énigmatique le voile qui les cache. « Comme les yeux des serviteurs sont attachés sur les mains de leurs maîtres et comme les yeux de la servante le sont sur les mains de sa maîtresse, de même nos yeux sont fixés vers le Seigneur notre Dieu, en attendant qu’il ait pitié de nous (2). » Ici encore, quelle piété ferme et solide ! Ils n’ont pas une espérance d’un instant, mais ils y demeurent constamment attachés et comme enchaînés. Aussi, par l’exemple qu’ils ont apporté, ils veulent nous faire comprendre qu’ils n’espèrent pas d’autre assistance ni d’autre secours, et que c’est vers Dieu seul qu’ils tournent leurs regards. C’est ainsi que la servante et le serviteur n’ont d’autre ressource pour préparer la nourriture, les vêtements et les autres choses