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colère irrésistible et une soif de vengeance inextinguible. Est-il possible en effet de résister au feu (lui est tombé sur des épines ? Cependant, dit le Prophète ; alors que rues ennemis excités contre moi m’assaillaient avec la violence et la rapidité de l’incendie, non seulement j’ai pu m’échapper, mais je les ai repoussés. Le même prodige s’opère sur la matière, le feu brûlait un buisson, et le buisson n’était pas consumé, et le feu ne s’éteignait pas, mais ces deux substances demeuraient ensemble sans se détruire. (Ex. 3,2) Cependant, qu’y a-t-il de plus faible que le bois d’un buisson, de plus ardent que le feu ? Mais la puissance admirable de Dieu, qui opère des miracles qui nous surpassent, permit qu’il en fût ainsi. Il se produisit un miracle semblable pour le Roi-Prophète. Ses ennemis accouraient avec la rapidité de la flamme, et comme des abeilles, ils l’entouraient avec une grande vivacité, ils le cernaient de tous côtés, mais leurs efforts furent vains. Les armes invincibles et le secours inexpugnable du nom de Dieu les dispersa tous. « J’ai été poussé, on a fait effort pour me renverser, et le Seigneur m’a soutenu (13). »
Le Psalmiste nous a fait connaître la grandeur de ces maux par la multitude et les dispositions menaçantes, par l’ardeur et l’acharnement de ceux qui l’entouraient : maintenant il arrive à ce qu’il a souffert. J’ai été en butte à tant d’infortunes, nous dit-il, que j’ai failli être renversé et abattu. J’ai été tellement pressé et presque renversé que j’étais sur le point de tomber, mais au moment de m’abattre sur mes genoux, comme j’étais déjà penché et sans espoir dans les secours humains, le Seigneur a fait paraître son secours. Or Dieu en use de la sorte afin que personne ne lui ravisse et ne s’attribue la gloire qui revient à lui seul. C’est ainsi qu’il fit pour Gédéon dans l’histoire des Juges. (Jug. 7) Et voilà pourquoi encore, sous le règne d’Ézéchias, il choisit la nuit pour remporter une brillante victoire. (2R. 19,35) En effet, si ce prince qui n’avait pris part ni au combat, ni à la victoire, devint néanmoins si téméraire, il l’eût été bien davantage s’il eût assisté à la défaite de ses ennemis et s’il les eût vus tomber. C’est donc bien à l’instant où tout semble désespéré que Dieu donne son secours. Témoin Goliath (1Sa. 17), témoins les apôtres. Écoutez saint Paul : « Nous avons entendu prononcer en nous-mêmes l’arrêt de notre mort, afin que nous ne mettions point notre confiance en nous, mais en Dieu qui ressuscite les morts. » (2Cor. 1,9) « Le Seigneur est ma force et le sujet de mes louanges. C’est bien en lui que j’ai trouvé mon salut (14). »
En d’autres termes, il a été ma puissance et mon secours. Mais que signifient ces mots « Le sujet de mes louanges ? » C’est que non seulement il délivre des périls, mais il rend célèbre et illustre et partout on peut constater qu’il sauve et qu’il glorifie tout à la fois. Ces paroles ont encore un autre sens caché que voici : qu’à jamais, dit-il, je chante l’hymne de ma reconnaissance, que ma voix lui soit consacrée entièrement, et que je ne sois occupé désormais qu’à le louer.
4. Combien donc sont coupables et quelle perte éprouvent ceux qui se souillent par des chants diaboliques, et qui se plaisent à faire entendre continuellement les cantiques du démon, bien différents de ce juste qui loue sans cesse son Sauveur. « Les cris d’allégresse et du salut se font entendre dans les tentes des justes (15). » Après un succès complet remporté par Dieu, ceux qui jouissent de la victoire sont dans la joie et l’allégresse, par la double raison qu’ils sont sauvés et qu’ils le sont par Dieu. La cause de leur joie est le Seigneur lui-même qui a triomphé. Mais il faut que nous sachions ce qui a engagé Dieu à donner son assistance, et le Psalmiste ajoute : « Dans les tentes des justes. » Il ne s’agit pas de maison, mais de « tentes », pour indiquer que c’est une demeure où l’on ne doit s’arrêter qu’en passant. Telle était la tente d’Abraham, quand après avoir vaincu les rois il revenait couvert de la gloire que ses exploits lui avaient méritée. Telle la lente de Paul quand il rentrait après avoir triomphé des démons, fait disparaître l’erreur, et s’être rendu célèbre par ses succès. – « La droite du Seigneur a fait éclater sa puissance, la droite du Seigneur m’a élevé (16). »
Tel est le sujet de l’allégresse du Psalmiste. Il ne fait que répéter ici ce qu’il disait tout à l’heure en montrant que tous ses succès sont l’œuvre de Dieu : Il est donc bien vrai que sa bonté ne se borne pas à nous délivrer des maux, mais qu’elle nous met encore en possession de la gloire et de l’illustration. En effet, après avoir dit : « La droite du Seigneur a fait