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nations. » (Gal. 3,8) Qu’il ne s’agit pas ici des Juifs, c’est ce que les faits montrent clairement ; ces hommes chargés de malédictions, comment auraient-ils pu procurer des bénédictions à d’autres ? Il est question de l’Église, qui joue ici le rôle de postérité comme ayant hérité de la foi. Tels sont les hommes vertueux ; tels sont les enfants, des hommes qui craignent Dieu. « Sa postérité sera puissante sur la terre. »
Pourquoi ce mot « sur la terre. » Pour montrer qu’il en sera ainsi même avant qu’ils partent d’ici-bas, avant qu’ils fassent l’expérience des biens d’en haut. Car, ainsi que je l’ai dit précédemment, la vertu trouve sa récompense en elle-même, avant d’avoir obtenu sa couronne. Que l’homme dont nous parlons a une postérité puissante, due celui qui a la vertu pour rempart est plus fort que qui que ce soit, les apôtres l’enseignent, les prophètes le montrent. Et le Seigneur fait entendre la même chose en disant : « Quiconque entend mes paroles et les accomplit, sera comparé à un homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre. La pluie est descendue et les fleuves ont débordé, et les vents ont soufflé et sont venus fondre sur cette maison, elle n’a pas été renversée, parce qu’elle était fondée sur la pierre. » (Mt. 7,24-25). Combien de peuples ameutés, de tyrans furieux, combien d’épées, de lances, de traits, de fournaises, d’animaux dévorants, combien de précipices, de mers, combien de complots, de dénonciations, de fourberies n’eurent point à affronter les apôtres : néanmoins rien ne les ébranla, ils furent supérieurs à tout ; leur essor les éleva au-dessus de la portée des flèches ; ils réussirent même à attirer dans leurs rands ceux qui conspiraient leur perte. En effet, rien n’égale le pouvoir de la vertu ; ni la pierre n’en a la solidité, ni le bronze, la force : le vice, au contraire, est ce qu’il y a de plus vil et de plus faible au monde, quelle que puisse être l’opulence qui l’environne, et l’étendue de son pouvoir apparent. Que si telle est déjà leur force ici-bas, jugez quelle sera dans les cieux la puissance de ces justes. « La génération des hommes droits sera bénie. » La voyez-vous resplendir, trouver de toutes parts des hérauts, des panégyristes, des admirateurs ? Et cela, non parmi les premiers venus, mais chez les hommes intelligents. Car pour ceux qui rampent à terre, ils ne sauraient comprendre ses mérites. Ceux qui la loueront, l’admireront, la célébreront principalement, ce seront ceux qui auront conservé un esprit sain. – Réfléchissez à ce que doit être un bien dont la possession vous rend l’égal des anges, des apôtres, des – rands hommes que l’on admire : en effet, si tels doivent être ceux qui le célèbrent, on peut juger par lit de ce qu’il est lui-même. « Gloire et richesse sont dans sa maison. » Voilà qu’il passe encore des choses sensibles à celles que l’intelligence peut seule apercevoir. Car l’Écriture appelle richesse la richesse qui consiste dans les bonnes œuvres, lorsqu’elle dit par exemple : « Faire le bien être riche de bonnes actions. » (1Tim. 6,18) Telle est en effet la vraie richesse ; l’autre n’est qu’un vain nom sans réalité.
Toutefois, si c’est la richesse matérielle qu’on veut voir ici, nous ne serons pas pour cela réduits au silence. Qui fut jamais plus riche, même d’argent, que les apôtres chez qui les biens affluaient comme à torrents ? Tous ceux qui étaient possesseurs de terres ou de maisons les vendaient et en apportaient le prix qu’ils déposaient aux pieds des apôtres. Voyez-vous quelle opulence ? les biens de tous étaient à eux, sans qu’ils eussent pour leur part aucun souci : ils en étaient les intendants plutôt que les maîtres. Ceux qui possédaient une propriété y renonçaient pour l’offrir aux apôtres : ils se chargeaient eux-mêmes de la vendre, d’en faire de l’argent, et leur laissaient pleins pouvoirs pour la distribution. De là ces mots de Paul : « Comme n’ayant rien et possédant tout. » (2Cor. 6,10) Ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’au sein d’une pareille opulence, ils n’étaient point les esclaves de leurs trésors tant de biens n’avaient pas le pouvoir de les asservir. Voilà justement la richesse par excellence, celle qui consiste à n’avoir pas besoin de richesse. « Gloire et richesse sont dans sa « maison. » Il n’est plus besoin d’explication sur ce point. Leur gloire leur venait de Dieu. Car la gloire aussi les suivait selon la divine parole : « Cherchez le royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par surcroît. » (Mt. 6,33) Qui jamais inspira plus de respect ? On les accueillait comme des anges du Seigneur, on leur apportait des trésors qu’on déposait à leurs pieds. Ils étaient plus illustres que ceux dont le front est ceint du diadème. Quel roi marcha jamais au milieu d’une pompe semblable à celle qui accompagnait