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qu’il suffit pour leur salut de sacrifier quelques animaux. – « Et les cieux annonceront sa justice (6). »
Dans ce passage encore, voulant nous faire sentir combien sa justice est éclatante, combien elle est brillante, évidente, indiscutable, combien elle est reconnue de tous, il nous la montre proclamée par les éléments insensibles, employant ainsi la même figure qu’auparavant. « Car Dieu est juge », il veut dire que Dieu détermine avec justice ce qui revient à chacun. Il n’a pas voulu par là nous apprendre simplement que Dieu exerce les fonctions de juge, mais bien nous faire entendre qu’il est juste, et qu’il se montre tel envers tous. Ce mot de « juge », en parlant de Dieu, est synonyme de juste, et saint Paul s’en est servi clans le même sens quand il a dit. « Car comment Dieu jugera-t-il le monde ? » (Rom. 3,6) Ce qui fait un vrai jugement, ce qui fait le vrai juge ce n’est pas simplement de prononcer un arrêt, mais de le prononcer avec équité. Les Juifs seront jugés, et les Juifs d’alors, et ceux qui, venus après eux, et contemporains du Nouveau Testament, se seront livrés au péché. Ceux-là auront à répondre de leurs infractions aux lois de la nature et à la loi de Dieu, ceux-là verront en outre s’élever contre eux les bienfaits mêmes de Jésus-Christ. Que pourront-ils dire, quel motif, pourront-ils donner pour excuser leur incrédulité ? Mais, je vous en prie, méditez avec soin ces paroles, afin de pouvoir vous en servir pour fermer la bouche à ceux qui soutiendraient le contraire. Car il vaut mieux qu’ils soient vaincus par nous et qu’ils reviennent de leur erreur, que de leur laisser croire qu’ils sont victorieux et que de les laisser partir ainsi pour l’autre vie où ils se verraient condamner par le commun Juge de la terre. Que pourraient répondre les Juifs ? Pourquoi ont-ils fait périr le Christ ? Quel reproche, grave ou non, avaient-ils à lui faire ? – Il se faisait passer pour Dieu, dira-t-on. – Cependant ce n’était pas leur langage au moment où ils le mettaient en croix ; il était tout autre. Car ils ne disaient pas, celui qui se fait passer pour Dieu, mais : « Celui qui se fait passer pour roi, n’est pas ami de César. » (Jn. 19, 12) Souvent on voulut le proclamer roi, mais il fuyait cet honneur. – Mais auparavant, dira-t-on, on lui reprochait de se faire passer pour Dieu. Eh bien ! que signifie cette objection ? Si c’était une prétention injuste et mensongère, et sans rien de fondé, ce reproche aurait une raison d’être : mais si elle était légitime, il fallait l’adorer et non le mettre en croix. Voyons donc s’il se faisait passer pour Dieu, sans l’être réellement, c’est-à-dire s’il montrait, s’il manifestait sa divinité. A quoi recourir pour le savoir ? Aux événements qui se passèrent alors ? à ceux qui se passent aujourd’hui. Aux circonstances qui accompagnèrent son enfantement ? Qui donc est jamais né d’une vierge ? Qui fit paraître comme lui une étoile dans le Ciel ? Qui fit faire à des mages une route aussi longue, et cela non par force ni contrainte, mais par persuasion et par le simple effet de la révélation ? Voyez-vous la création qui tout entière reconnaît son maître ? La nature cède la première, ne résiste point et ne dit pas : Je ne veux pas laisser l’enfantement s’accomplir, je n’ai pas appris à faire naître un enfant d’une mère restée vierge, je ne sais pas rendre une femme mère sans union charnelle. Elle fut déconcertée et se laissa écarter de ses limites propres, car elle avait reconnu son maître. Après sa naissance les anges apparurent pour indiquer que celui qui habite dans les cieux était sur la terre, et la terre devint le ciel, puisque le Roi avait établi sa demeure ici-bas, et les mages, venus de si loin, se prosternèrent devant lui. Cet enfant gisait sur une crèche en Palestine, et ces hommes appartenant à une terre étrangère, le comblaient d’autant d’honneurs et d’hommages qu’on en doit à Dieu. (Mt. 2,2) Mais peut-être n’admettra-t-on pas ces preuves et en demandera-t-on d’autres que la génération présente puisse vérifier par elle-même. Nous ne serons pas embarrassés pour en trouver. Telle est la nature de la vérité, qu’elle ne manque jamais de moyens de justification. Et, dans le cas présent, nos contradicteurs n’ont pas même l’ombre d’une objection à mettre en avant. Car si vous n’étiez pas présent lorsque Jésus-Christ est né d’une vierge, il fallait vous en rapporter au Prophète qui disait : « Voilà que la Vierge concevra et enfantera un fils, et il sera appelé Emmanuel. » (Is. 7,14) Si vous n’étiez pas présent lorsqu’il allait et venait sur terre sous la forme humaine, et qu’on voyait le Maître vivre au milieu de ses esclaves, consultez Jérémie qui vous répondra ces paroles : « C’est lui qui est notre Dieu, et nul autre ne sera devant lui. C’est lui qui a trouvé toutes les voies de la sagesse, et qui les a découvertes à Jacob son serviteur, à Israël