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des ténèbres. Les prophètes et les apôtres ont fait tout l’opposé ; c’est la clarté, c’est l’évidence même qu’ils ont offerte à tous ; docteurs universels pour les hommes, ils ont enseigné de telle façon que chacun pût, à la simple lecture, comprendre leurs paroles. Le Prophète l’avait annoncé d’avance en ces termes : Ils seront tous instruits par Dieu, et nul ne pourra dire dorénavant à son prochain : apprends à connaître Dieu, parce que tous le connaîtront du plus petit au plus grand. (Jer. 31, 34 ; et Jn. 6, 45) Saint Paul aussi a dit : Et moi, mes frères, je ne viens pas à vous avec la sublimité de l’éloquence et de la science, je viens vous prêcher le mystère de Dieu (1Co. 2, 1) ; et dans un autre endroit : Ma parole et ma prédication ne consistent pas dans les phrases agréables de la sagesse humaine, elles vont à manifester l’esprit et la vertu (Id) ; et ailleurs encore : Nous prêchons une sagesse qui n’est pas celle de ce siècle ni celle des chefs corrompus de ce siècle. (Id) Pour qui les écrits évangéliques ne sont-ils pas assez clairs ? Quel est celui qui aura besoin d’un interprète pour entendre ce que signifient ces expressions : Bienheureux ceux qui sont doux, bienheureux ceux qui font miséricorde, bienheureux ceux qui ont le cœur pur, et autres semblables ?.. Et les prodiges, et les miracles, et les récits historiques, ne sont-ils pas pour tous clairs et faciles à comprendre ?.. Prétexte, vaine excuse, voile bon à cacher la paresse !
Vous ne comprenez pas, dites-vous, ce que renferme l’Evangile. Je le crois bien ! vous ne daignez pas seulement le regarder ! Prenez en main ce Livre sacré, lisez-en toute la suite, rangez dans votre mémoire les choses que vous aurez comprises, revenez à diverses fois sur celles qui seront restées, pour vous, obscures et embrouillées ; et, si une lecture assidue ne vous en fait pas trouver le sens, allez à plus habile que vous, allez à un maître, conférez avec lui sur le texte sacré, faites preuve d’un zèle vif et sincère. Si Dieu découvre en vous une ardeur généreuse, il ne dédaignera pas votre vigilance et votre sollicitude ; si vous ne rencontrez pas un homme qui vous explique ce que vous cherchez, c’est Dieu lui-même, rien doutez pas, qui vous en ouvrira le sens. Souvenez-vous de cet eunuque de la reine d’Éthiopie ; c’était un barbare, c’était un homme tiraillé par d’innombrables sollicitudes, assiégé par mille affaires, qui ne comprenait pas ce qu’il lisait ; et pourtant il ne cessait de lire, jusque sur son char de voyage. S’il montra une telle application le long du chemin, imaginez quel dut être son zèle à la maison ! S’il ne pouvait rester sans lire durant son voyage, à plus forte raison dans la tranquillité de son logis ; s’il ne renonça pas à sa lecture tandis qu’il ne la comprenait pas, à plus forte raison après qu’il en eut reçu l’intelligence !.. Pour savoir qu’il ne comprenait pas ce qu’il lisait, vous n’avez qu’à écouter la question que lui adresse Philippe : Comprenez-vous ce que vous lisez ? (Act. 8, 30) A ces mots, il ne rougit pas, il ne ressent aucune honte, il confesse ingénument son ignorance. Comment pourrai-je comprendre, dit-il, si personne ne m’instruit ? (Id) – Il n’avait personne qui lui indiquât le chemin à suivre, et néanmoins il continuait de lire : c’est pourquoi il ne tarda pas à rencontrer un guide. Dieu connut sa bonne volonté, agréa son zèle et lui envoya promptement un maître. – Nous n’avons plus l’apôtre Philippe, direz-vous. – C’est vrai ; mais vous avez toujours l’Esprit qui conduisit à l’eunuque l’apôtre Philippe. Ne négligeons pas notre salut, mes chers amis : Toutes ces choses ont été écrites pour nous être un avertissement à nous qui venons à la fin des temps. (1Co. 10, 11)
La lecture des Livres saints est un puissant rempart contre le péché ; les ignorer, c’est nous jeter dans un vaste précipice, dans un abîme sans fond ; ne connaître rien des préceptes divins, c’est perdre à jamais le salut. Voilà ce qui a enfanté les hérésies, ce qui a introduit la corruption des mœurs, ce quia tout bouleversé de fond en comble. Il est impossible, je le répète, impossible qu’on ne retire aucun fruit d’une étude constante et régulière des Écritures. Voici par exemple notre parabole : combien d’utiles leçons nous a-t-elle fournies à elle seule ! Combien elle a rendu nos âmes meilleures ! Plusieurs d’entre vous, je le sais, n’ont quitté l’assemblée qu’après avoir recueilli un abondant profit ; si quelques-uns n’en ont pas retiré un avantage aussi complet, néanmoins ils ont été meilleurs le jour où ils sont venus entendre le sermon. Et certes, ce n’est pas une petite chose que de passer une journée, une seule journée, à se repentir du péché, à contempler la sagesse céleste, à laisser notre âme respirer un instant libre des soucis terrestres ! Si vous faites ainsi à chaque assemblée,