Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour Jésus-Christ. Voilà pourquoi il lui ordonne d’emporter un fardeau sur ses épaules. Car si ses membres n’avaient pas été bien rétablis, ses articulations bien libres, il n’aurait pu porter son fardeau. De plus cette guérison montre encore que, sur une simple parole de Jésus-Christ, la maladie se retire, la santé revient. Les médecins chassent aussi les maladies, mais ils ne rendent pas subitement la santé, il leur faut du temps pour expulser peu à peu du corps les restes du mal. Il n’en est pas ainsi de Jésus-Christ ; dans un clin d’œil, il fait fuir la maladie, et ramène la santé ; le temps ne lui est pas nécessaire ; au moment où la parole s’échappe de ses lèvres bénies, la maladie quitte le corps ; la parole opère et soudain toute infirmité disparaît. Un esclave en révolte aperçoit-il son maître, il s’arrête aussitôt, et rentre dans l’ordre accoutumé. C’est ce qui arrive ici : la maladie comme un esclave séditieux troublait le corps du paralytique, mais à la vue du Seigneur, elle rentre dans l’ordre, et l’harmonie se rétablit. La parole a tout opéré ; car ce n’est pas une parole ordinaire, mais la parole de Dieu dont il est dit : Les œuvres de sa parole sont puissantes. ([[Bible_Crampon_1923/Joël#2|Jol. 2, 11) Elle a créé l’homme qui n’existait pas ; à plus forte raison peut-elle guérir un paralytique.
Que ceux qui scrutent l’essence de Dieu, me permettent ici une question. Comment ces membres se sont-ils fortifiés ? Comment ces os se sont-ils consolidés ? Comment cet estomac délabré s’est-il rétabli ? Comment les nerfs affaiblis ont-ils repris leur énergie ? Comment la force détruite est-elle revenue ? Ils ne le savent. Admirez donc ce prodige sans vouloir en scruter le mode. Le paralytique obéit et prit son lit. À cette vue les Juifs dirent : C’est le sabbat, il ne vous est pas permis d’emporter votre lit. (Jn. 5, 10) Il fallait adorer l’auteur et admirer l’œuvre ; les Juifs disputent sur le sabbat, rejetant un moucheron et avalant un chameau. Que répond le paralytique ? Celui qui m’a guéri m’a dit : Emportez votre lit et marchez. Voyez la gratitude de cet homme ! Il avoue son médecin, et déclare que son bienfaiteur est pour lui un législateur digne de foi. Il raisonne contre eux, comme l’aveugle. Comment raisonnait l’aveugle ? On lui objecte : Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde pas le sabbat. (Jn. 9, 16) Il répond : Nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs; or celui-ci m’a ouvert les yeux. (Id. 30) C’est-à-dire : s’il a transgressé la loi, il a péché ; s’il a péché, il n’a pas un tel pouvoir, car le péché, l’exclut absolument. Or Jésus-Christ a ce pouvoir, il n’a donc pas péché même en transgressant la loi. Le paralytique raisonne de même. Par ces mots, celui qui m’a guéri, il indique que celui qui a déployé une semblable puissance, ne peut être accusé d’avoir violé la loi.
Les Juifs reprennent : Où est l’homme qui vous a dit : Emportez votre lit et marchez ? (Jn. 5, 12) Voyez quel aveuglement insensé ! voyez quelle arrogance ! les envieux ne voient pas ce qui est bien, mais seulement ce qui leur fournit une occasion de nuire. De même les Juifs. Le paralytique proclame deux choses sa guérison et l’ordre d’emporter son lit. Les Juifs cachent l’une et publient l’autre. Ils voilent le prodige, et objectent la violation du sabbat. Car ils ne demandent pas : Où est celui qui vous a guéri ? Ils se taisent sur ce point et disent : Où est celui qui vous a dit. Emportez votre lit et marchez ? Celui-ci ne le connaissait pas. Car Jésus s’était retiré de la foule qui était là. (Jn. 5, 13) Ceci fait l’éloge du paralytique et en même temps donne une preuve de la sollicitude de Jésus-Christ pour les hommes. Si ce paralytique ne reçoit pas le Sauveur comme le centenier ; s’il ne s’écrie pas : Dites une parole et mon serviteur sera guéri (Mat. 8, 8), ne l’accusez pas d’infidélité, puisqu’il ne le connaissait pas, il ne savait pas qui il était. Comment aurait-il connu celui qui voyait pour la première fois ? Voilà pourquoi il lui répondit : Je n’ai personne pour me jeter ; dans la piscine. (Jn. 5, 7) S’il l’avait connu, il ne lui eût pas parlé de le descendre dans la piscine ; il l’aurait prié de le guérir, comme il fut guéri en effet. Il le prenait pour un homme ordinaire, et c’est pour cela qu’il mentionne le remède accoutumé. C’est aussi une preuve de la prudence de Jésus-Christ que de quitter le paralytique guéri sans s’en faire connaître. Car alors les Juifs ne peuvent soupçonner la véracité de ce témoin, ni prétendre qu’il est gagné ou suborné par Jésus-Christ ; son ignorance et l’absence de Jésus-Christ ne permettent pas ce soupçon. L’Évangile dit en effet : Il ne savait qui il était.
4. Jésus-Christ le laisse aller seul, afin que les Juifs, le prenant à part, examinent le fait à leur gré, et une fois bien convaincus de la vérité répriment leur colère ridicule. Voilà