Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/599

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec un cœur joyeux, nos biens, si chétifs qu’ils soient. Nous recevrons la même récompense que ceux qui auront donné davantage ; que dis-je ? nous serons récompensés plus que ceux qui auront prodigué l’or. Si nous suivons cette conduite, nous aurons droit aux trésors ineffables de Dieu ; pourvu que non contents d’écouter, nous agissions ; non contents de louer, nous nous mettions à l’œuvre. Puissions-nous y arriver tous par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ avec lequel, etc.


HOMÉLIE XXXIII.


C’EST POURQUOI, COMMENÇANT À POSSÉDER CE ROYAUME IMMUABLE, CONSERVONS-LA GRACE, PAR LAQUELLE NOUS PUISSIONS RENDRE A DIEU UN CULTE QUI LUI SOIT AGRÉABLE, ÉTANT ACCOMPAGNÉ DE RESPECT ET DE PIÉTÉ. CAR NOTRE DIEU EST UN FEU DÉVORANT. (CHAP. 12,28 ET 29 JUSQU’A XIII, 16)

Analyse.

  • 1 et 2. Avis spirituels : Faire son salut avec crainte. – Exercer l’hospitalité, la charité, la pureté. – Obéir à l’autorité, qui représente Jésus-Christ et sa doctrine toujours invariables. – Sens mystique de l’immolation de certaines victimes hors du camp d’Israël. – Jésus, aussi, a souffert hors de Jérusalem ; sortons de ce monde et suivons-le jusqu’au calvaire. – Saint Jean Chrysostome revient sur chacun des avis spirituels déjà donnés. Il insiste sur la licité du mariage et de ses droits, sur la confiance en Dieu, sur l’avantage infini que la foi possède vis-à-vis du raisonnement.
  • 3 et 4. Sortons de ce monde, comme Jésus sort de Jérusalem, portant la croix ; offrons par lui nos souffrances à Dieu. – Rendons-lui en grâces, comme d’autant d’occasions de vertu. – La voie du ciel est étroite, on n’y entre qu’en se rapetissant par l’humilité, en se détachant de tout par la résignation.


1. « C’est pourquoi commençant à posséder ce royaume immuable ». Saint Paul déjà disait ailleurs :« Les choses visibles sont temporelles ; mais les invisibles sont éternelles » (2Cor. 4,18) ; et de cette réflexion il tirait un motif de nous consoler dans les maux que nous supportons durant la vie présente : c’est la même pensée, c’est la même conclusion qu’il fait valoir ici. « Conservons la grâce », c’est-à-dire, rendons grâces à Dieu, et demeurons fermes et fidèles ; car non seulement nous ne devons pas murmurer à raison du présent, mais nous sommes obligés de garder la plus vive reconnaissance à raison de l’avenir promis. « La grâce, par laquelle nous puissions rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable ». Comprenez : c’est ainsi qu’il nous faut servir Dieu, nous efforçant de lui plaire, lui rendant grâces en toutes choses, comme dit ailleurs l’apôtre : « Agissez en tout sans murmure et sans dispute ». (Phil. 2,14) Car ce qu’on fait en murmurant, on en retranche le mérite, on en perd le salaire, comme il est arrivé aux Israélites ; car vous savez comme ils ont été punis à cause de leurs murmures ; et c’est ce qui lui fait dire : « Ne murmurez point ! » Il vous est donc impossible de servir Dieu de manière à lui être agréables, si vous ne lui rendez grâces de tout événement, des jours d’épreuves comme des temps de calme. « Avec crainte et respect », c’est-à-dire, sans jamais nous permettre une parole d’orgueil ou d’impudence, mais au contraire nous maîtrisant toujours sous la loi et la pratique du respect. C’est ce que nous recommande cette expression : « Avec crainte et respect ».
« Conservez toujours la charité avec vos frères. « Ne négligez pas d’exercer l’hospitalité ; car c’est en la pratiquant que quelques-uns ont reçu pour hôtes des anges, sans le savoir ». (Chap. 13,1, 2) Voyez-vous comme l’apôtre leur recommande de garder leur ligne actuelle de conduite, sans leur enjoindre autre chose ? Ainsi, il ne dit pas : Aimez vos frères, mais : « Conservez votre charité à l’égard de vos frères ». Et il ne dit pas non plus Soyez hospitaliers, comme s’ils ne l’étaient pas déjà ; mais seulement : « N’oubliez pas la sainte hospitalité ! » car la tribulation fait négliger trop facilement ce devoir. Puis, ajoutant un motif bien capable de les exciter à le remplir, il ajoute : « C’est en la pratiquant que quelques-uns ont reçu pour hôtes des anges, sans le savoir ». Comprenez-vous quel fut pour eux et l’honneur et l’avantage ? Qu’est-ce à dire : « Sans le savoir ? » c’est-à-dire que sans reconnaître les anges, ils leur donnèrent l’hospitalité. Ainsi c’était pour Abraham une grande récompense déjà d’avoir reçu, sans qu’il s’en doutât, des anges mêmes pour hôtes. S’il les avait connus comme tels, sa conduite n’aurait rien d’admirable. Quelques interprètes pensent que l’apôtre en ce passage fait aussi allusion à Loth.
Souvenez-vous de ceux qui sont dans les « chaînes, comme si vous étiez vous-mêmes enchaînés avec eux ; et de ceux qui sont affligés, comme étant vous-mêmes dans un corps mortel. Que le mariage soit traité de tous avec honnêteté, et que le lit nuptial soit sans tache ; car Dieu condamnera les fornicateurs et les adultères. Que votre vie soit exempte d’avarice ; soyez contents de ce que vous avez (3-5) ». Vous voyez comme saint Paul aime à parler fréquemment de la sainte continence. Soyez, a-t-il dit déjà, soyez zélés polir la paix et l’honnêteté. Et ailleurs : Point de fornicateurs, point de profanes parmi vous ! Et ici : Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.