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mot ange en lui-même n’a dans sa signification aucun rapport avec l’idée d’essence. Peut-être en est-il de même du mot « âme », qui, selon moi, a la signification de « souffle ». Âme, cœur, pensée, sont termes synonymes. « Mets en moi un cœur pur, mon Dieu », dit le psalmiste. Il y a : même des cas où le mot « âme » s’emploie dans l’acception. « d’esprit ». « Et soutenant tout par la parole de sa puissance ». Entendez-vous ce qu’il dit ?
3. Comment donc, hérétiques, pouvez-vous vous armer de cette parole de l’Écriture : « Dieu dit que la lumière soit », pour soutenir que lé Père seul a ordonné, que le Fils n’a fait qu’obéir ? Mais voilà le Fils qui agit ici par sa parole. « Soutenant tout », dit l’apôtre ; c’est-à-dire gouvernant tout, arrêtant l’édifice dans sa chute. Ah ! c’est une œuvre aussi grande, que dis-je ? c’est une œuvre plus grande de soutenir le monde que de le créer. Créer, c’est faire quelque – chose de rien. Mais arrêter dans sa chute ce qui va tomber dans le néant, rattacher entre eux tant d’éléments, voilà qui est grand, voilà qui est admirable, voilà qui révèle un grand pouvoir. Et comme l’apôtre montre que cette œuvre est facile au Fils par ce seul mot « soutenant ». Il n’a pas dit, gouvernant ; il a emprunté une image ; c’est l’être fort qui remue et porte un fardeau avec un seul doigt. Il montre la pesanteur du fardeau c’est le monde, et ce fardeau n’est rien pour celui qui le porte. Cette dernière vérité est encore exprimée en ces mots : « Par la parole de sa puissance ». C’est bien dit : car c’est montrer la puissance de cette parole divine différente de la parole humaine qui est si peu de chose. Mais en nous disant que la parole divine soutient le monde, il ne nous dit pas comment ; car il est impossible de le savoir. Il passe à la majesté divine. Et c’est ce qu’a fait saint Jean qui, après avoir parlé de l’existence de Dieu, parle de la création. Ce que l’évangéliste a fait entendre en disant : « Au commencement était le Verbe et tout a été fait par lui » (Jn. 1,1, 3), l’apôtre le dit à son tour et l’exprime clairement en ces termes : « Parce qu’il a même créé les siècles ». Voilà l’ouvrier qui a fait les siècles et qui subsistait avant tous les siècles. Que dire en présence de ces paroles du Prophète, à propos du Père : « Tu existes depuis le commencement des siècles jusqu’à la fin des siècles » (Ps. 89,2), si on les compare à ces paroles de l’apôtre, à propos du Fils : « Il existait avant tous les siècles et il a fait tous les siècles ? » Ne se hâtera-t-on pas d’appliquer au Fils ces mots qui ont été dit du Père : II existe avant les siècles ? « En lui était la vie », dit saint Jean pour faire voir qu’il a la force et le pouvoir de soutenir l’univers, puisqu’il est la vie universelle. Saint Paul tient le même langage : « Il soutient tout par la parole de sa puissance ». Il ne fait pas comme les philosophes grecs, qui, autant que cela dépend d’eux, le dépouillent de sa force créatrice et de sa Providence, et qui renferment son pouvoir dans un cercle qui s’arrête à la lune.
« Nous ayant par lui-même purifiés de nos péchés ». Après avoir parlé de ses œuvres, si grandes, qui sont autant de suprêmes merveilles, Paul nous parle de sa sollicitude pour les hommes. Ce mot : « Soutenant tout » était bien vaste et embrassait tout. Le mot suivant est plus grand encore, car lui aussi il embrasse tout. En tant qu’ira dépendu de, lui, le Fils nous a tous sauvés. Jean après avoir dit : « En lui était la vie », pour marquer sa providence, ajoute. « Et il était la lumière », ce qui revient à ce que dit saint Paul. « Nous ayant par lui-même purifiés de nos péchés, il est assis à la droite de la majesté suprême ». Il y a là deux preuves éclatantes ; de sa sollicitude pour nous : il nous purifie de nos péchés, et il le fait par ses mérites. Que de fois ne le voyons-nous pas se glorifier de cet événement, non seulement parce que Dieu s’est réconcilié avec les hommes, mais parce que le Fils a été le médiateur de cette réconciliation devenue ainsi de sa part un plus éclatant bienfait. Après avoir dit qu’il s’est assis à la droite du Père, et qu’il nous a purifiés de nos péchés, après avoir rappelé la croix, 'l’apôtre nous parle de sa Résurrection et de son Ascension. Et voyez ici sa prudence ineffable. Il ne dit pas : On l’a fait asseoir ; il dit : « Il s’est assis ». Puis, pour qu’on ne pense pas qu’il se tient debout, il ajoute : « Qui est fange à qui le Seigneur ait jamais dit : « Asseyez-vous à ma droite ? » – « Il est assis à la « droite de la majesté suprême, au plus haut des cieux ». Que signifie « au plus haut des cieux ? » Veut-il donc renfermer Dieu dans un espace limité ? Loin de là. Il ne veut pas nous donner de Dieu une semblable idée. Quand il a dit : « Il est assis à la droite du Père », il a voulu seulement faire allusion à la dignité de Fils qui égale celle du Père ; et, quand il a dit : « Au plus haut des cieux », il a voulu non pas renfermer Dieu dans ces limites, mais nous montrer ce Dieu dominant l’univers, et s’élevant jusqu’au trône de son Père ! Comme son Père, il est au plus haut des cieux, et ce trône qu’ils, partagent montre qu’ils sont égaux eu dignité. Mais, poursuivent les hérétiques, le Père a dit au Fils : « Asseyez-vous à ma droite ». Eh bien ! cela prouve-t-il que le Fils se tenait debout ? Voilà ce que les hérétiques eux-mêmes ne sauraient prouver. D’ailleurs Paul ne dit pas que le mot précédent soit un ordre ou une injonction ; il n’a d’autre but que de nous faire voir que le Fils procède d’un principe et d’une cause. Et la preuve, c’est la place à laquelle ce Fils est invité à s’asseoir. Elle est à la droite du Père… Pour désigner l’infériorité, le Père aurait dit : Asseyez-vous à ma gauche.
4. « Étant aussi supérieur aux anges que le nom qu’il a reçu est plus excellent que le leur ». Le mot « étant » signifie ici « déclaré », pour ainsi dire. Paul le prouve. Comment est-il supérieur aux anges ? Par le nom qu’il a reçu. « Voyez-vous que a le nom de Fils désigne ici la parenté légitime ? » Certes, s’il ne se fût agi d’un fils légitime, Paul n’aurait pas tenu ce langage. Pourquoi ? Parce que le Fils n’est légitime qu’à la condition d’avoir été engendré par le Père. Paul confirme donc ici sa parole. Car si le Christ est Fils de Dieu par la grâce, loin d’être supérieur aux anges, il leur serait inférieur. Comment ? c’est que les justes ont aussi été appelés les fils de Dieu, et le nom de fils, quand il ne s’agit pas du Fils proprement dit, du Fils légitime,