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pouvez pas prononcer ces mots avec confiance ; mais si vous les remettez, c’est une action dont vous pourrez demander qu’on vous tienne compte comme d’une dette que Dieu a envers vous, non qu’elle soit telle par sa nature, mais c’est la bonté de celui à qui nous devons tant, qui l’a rendue telle. Est-ce là de l’égalité ? Comment ? celui qui remet leurs dettes a ses compagnons d’esclavage obtiendra la rémission des péchés qu’il a commis envers le Seigneur ! Oui, nous jouissons d’une telle bonté, car il est riche en miséricorde et en pitié.

Mais pour vous montrer qu’en dehors même de ces considérations, en dehors de cette rémission de vos fautes, par cela seul que vous remettez aux autres leurs péchés, vous retirez vous-même de là un grand profit, voyez combien celui qui agit ainsi a d’amis et comment son éloge est dans toutes les bouches. Ne dit-on pas : C’est un honnête homme, facile à apaiser, qui n’a pas la mémoire des injures et qui est aussi vite guéri que blessé ? Qu’un tel homme vienne à tomber dans quelque malheur, qui n’aura pitié de lui ? qui ne lui pardonnera ses fautes ? qui ne l’exaucera, lorsqu’il demandera une faveur pour autrui ? qui ne vaudra être l’ami ou le serviteur d’un homme si bon ? Ah ! je vous prie, agissons ainsi en toutes choses pour cette raison, non seulement envers nos amis et nos parents, mais même envers nos esclaves : car, dit l’apôtre : « Modérez vos menaces, sachant que le Seigneur et d’eux et de vous est au ciel ». (Eph. 6,9) Si nous remettons au prochain ses offenses, les nôtres nous seront remises aussi ; elles nous seront remises, si nous faisons l’aumône, si nous sommes humbles, car c’est ainsi encore que nous nous délivrons de nos péchés. En effet, si un publicain, pour avoir dit seulement : Soyez-moi propice, moi qui suis pécheur » (Lc. 18,13), s’est retiré justifié, combien plus facilement n’obtiendrons-nous pas une grande bienveillance, si nous sommes humbles et contrits ? Confessons nos péchés, condamnons-nous nous-mêmes et nous effacerons urne grande partie de nos souillures, car il y a beaucoup de voies pour se purifier. Combattons donc partout le diable. Je n’ai rien dit qui fût difficile, qui fût pénible à faire. Pardonnez à celui qui vous a offensés, ayez pitié des pauvres, humiliez votre âme, et quand vous seriez de grands pécheurs, vous pourrez avoir votre part du royaume éternel, en vous purgeant ainsi de vos fautes, en effaçant ainsi vos taches. Puissions-nous tous, lavés ici-bas de toutes les souillures de nos péchés par le moyen de la confession, obtenir là-haut les biens promis en Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui partage avec le Père ; la gloire, la puissance, etc.

HOMÉLIE II.

JE RENDS GRÂCES A MON DIEU, FAISANT TOUJOURS MENTION DE TOI DANS MES PRIÈRES ; APPRENANT LA FOI QUE TU AS AU SEIGNEUR JÉSUS, ET TA CHARITÉ ENVERS TOUS LES SAINTS, AFIN QUE LA COMMUNICATION DE TA FOI MONTRE SON EFFICACE EN SE FAISANT CONNAÎTRE PAIE TOUT LE BIEN QUI EST EN VOUS, PAR JÉSUS-CHRIST. (4, 5, 6, JUSQU’À 16)

Analyse.

  1. Philémon ne peut refuser à Paul la consolation qu’il lui demande, lui qui a l’habitude de consoler les cœurs de tous les fidèles. – L’apôtre de Jésus-Christ pourrait user d’autorité, mais il préfère employer la prière.
  2. Philémon n’avait perdu qu’un esclave inutile, et il recouvre un frère très-utile.
  3. et 4. De quelle manière un chrétien doit regarder ses serviteurs. – Ne point tirer vanité de ses bonnes œuvres, et particulièrement des actions d’humilité : ce qui néanmoins est fort à craindre. – Considérez à fond l’humilité du Fils de Dieu. – De la bonté de Dieu à notre égard. – Il ne méprise pas le peu de bien que nous faisons.

1. L’apôtre ne demande pas grâce pour Onésime dès le début, il ne le fait qu’après avoir admiré et loué son maître pour ses bonnes œuvres, et lui avoir donné une grande marque de son affection pour lui, en lui disant qu’il se souvient toujours de lui dans ses prières, et que beaucoup d’entre les fidèles trouvaient en lui leur rafraîchissement, et qu’il obéit, qu’il cède aux désirs de tous. C’est alors qu’il arrive enfla à demander cette grâce et