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soulevant contre elle, en tâchant de soulever tout le monde. Il ne dit point à Timothée Punissez cet homme, châtiez-le, persécutez-le, comme il le pouvait en usant de la puissance que la grâce lui donnait. Il se contente de lui dire : « Gardez-vous de lui, laissez à Dieu le soin de le punir ». Il dit seulement pour la consolation des faibles : « Dieu lui rendra selon ses œuvres » : parole qui est une prophétie ou une imprécation. Que ce soit pour encourager son disciple qu’il parle de la sorte, on le voit clairement par la suite. Mais écoutons encore saint Paul faire le récit de ses épreuves.

« La première fois que j’ai défendu ma cause, nul ne m’a assisté, et tous m’ont abandonné ; je prie Dieu de ne le leur point imputer ». Admirez combien saint Paul ménage ses amis quoiqu’ils lui eussent causé une si sensible douleur en l’abandonnant. Car il y a bien de la différence entre être abandonné par des étrangers ou par des amis. Sa tristesse était extrême. Il ne peut pas dire pour se consoler : Si les étrangers m’attaquent, au moins les miens me soutiennent. Les siens mêmes l’avaient abandonné. « Ils m’ont tous abandonné », dit-il. Ce n’était pas une faute d’une petite gravité. Si dans la guerre, le soldat qui ne secourt pas son général en péril, et qui se dérobe par la fuite aux coups de l’ennemi, est puni avec raison par les siens pour avoir été cause de la perte de la bataille, pourquoi n’en serait-il pas de même dans la prédication ? Mais quelle est cette première fois que saint Paul dit avoir défendu sa cause ? Il avait déjà été cité devant Néron, et il était sorti heureusement de cette affaire. Mais ensuite ayant instruit et converti l’échanson de l’empereur, celui-ci lui fit trancher la tête. Mais voici pour le disciple une nouvelle consolation. – « Mais le Seigneur m’a assisté et m’a fortifié ». Dieu vient toujours au secours de celui qui est abandonné. « Il m’a fortifié », dit saint Paul, c’est-à-dire il m’a donné la hardiesse, il ne m’a pas laissé tomber dans l’abattement. – « Afin que j’achevasse la prédication de l’Évangile ». Admirez l’humilité de l’apôtre. Il m’a fortifié, dit-il, non que je fusse digne de cette grâce, mais afin que je pusse achever la prédication dont j’étais chargé. C’est comme si quelqu’un portait la pourpre et le diadème du roi, et qu’il dût à ces insignes d’être sauvé de quelque péril. – « Afin que toutes les nations l’entendissent » ; que tous les peuples reçussent la lumière de l’Évangile et reconnussent combien Dieu veille sur moi.

« Dieu m’a délivré de la gueule du lion, et le Seigneur me délivrera de toute action mauvaise ». Voyez combien il avait été près de mourir. Il avait été jusque dans la gueule du lion. C’est ce nom qu’il donne à Néron à cause de sa cruauté, de sa puissance et de la force de son empire. – « Le Seigneur m’a délivré, et il me délivrera », dit saint Paul. Si le Seigneur doit encore le délivrer, comment dit-il. « Je suis déjà offert en libation ? » Mais remarquez qu’il dit : « Il m’a délivré de la gueule du lion ; et il me délivrera » non plus de la gueule du lion : De quoi donc ? « De toute action mauvaise ». C’est vraiment alors que Dieu me délivrera de tout péril, après que j’aurai satisfait à tout ce qui était nécessaire pour la prédication de l’Évangile. Le Seigneur me délivrera de tout péché, il ne permettra pas que je sorte de cette vie avec quelque tache. Avoir la force de résister au péché jusqu’au sang et de ne pas céder, c’est être vraiment délivré d’un autre lion plus à craindre, c’est-à-dire du démon. Cette dernière délivrance est sans comparaison préférable à l’autre par laquelle Dieu ne nous sauve que de la mort corporelle. – « Et me sauvant, me conduira dans son royaume céleste : Gloire à lui dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Le véritable salut ne s’accomplira pour nous que lorsque nous serons brillants de gloire dans ce divin royaume. Qu’est-ce à dire, « me sauvera dans son royaume ? » C’est-à-dire il me délivrera de toute faute, et me gardera dans ce séjour. C’est être sauvé dans son royaume, que de mourir ici-bas pour ce royaume. « Celui qui hait son âme en ce monde, la conservera pour la vie éternelle ». (Jn. 12,25) – « Gloire à lui, etc. » Voici une doxologie pour le Fils.
« Saluez Priscille et Aquila et la maison d’Onésiphore », qui était alors à Rome, comme on le voit au commencement de cette lettre : « Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, qui étant venu à Rome m’a cherché avec grand soin. Que le Seigneur lui donne de trouver en ce jour-là miséricorde devant le Seigneur ». En le saluant de la sorte, saint Paul excite toute sa famille à imiter la vertu de son chef.