par l’ordre de Néron, et il allait bientôt mourir. Il ne voulait pas mourir sans voir son disciple à qui vraisemblablement il avait d’importantes recommandations à faire. Voilà pourquoi il lui dit : « Hâtez-vous de me venir voir avant l’hiver ». (2Tim. 4,21)
« Démas m’a quitté, emporté par l’amour du siècle ». Il ne dit pas : Venez me voir avant que je meure, c’eût été trop triste ; mais il dit Venez me voir parce que je suis seul ; parce que je n’ai personne pour me seconder. Car « Démas m’a quitté, emporté par l’amour du siècle, et s’en est allé à Thessalonique » ; c’est-à-dire, il s’est épris du repos et de la sécurité, il a mieux aimé vivre commodément dans sa maison que de souffrir avec moi et partager mes dangers présents. Saint Paul parle désavantageusement de Démas seul, non pour flétrir sa réputation, mais pour nous fortifier nous-mêmes, de peur que nous ne faiblissions lorsque nous nous trouvons dans les maux. C’est ce que veut dire ce mot « emporté par l’amour du siècle ». Saint Paul voulait aussi par ce moyen engager plus fortement Timothée à le venir voir. — « Crescent est allé en Galatie, Tite en Dalmatie ». Il ne parle point désavantageusement de ceux-ci. Tite était un homme d’une admirable vertu, et saint Paul lui confia le soin d’une grande île, de l’île de Crète.
« Luc est seul avec moi ». On ne pouvait séparer ce disciple d’avec saint Paul, on ne pouvait l’en arracher. C’est lui qui a écrit l’Évangile qui porte son nom, et les Actes des apôtres. Il aimait à travailler et à s’instruire, et était d’une admirable patience. C’est de lui que saint Paul a dit : « Son éloge est dans toutes les églises, à cause de l’Évangile ». (2Cor. 8,18)
« Prenez Marc et l’amenez avec vous ». Pourquoi ? « Parce qu’il peut beaucoup me servir pour le ministère ». Il ne dit pas : Pour mon repos mais « pour le ministère » de l’Évangile. Car bien qu’il fût dans les fers, il ne cessait cependant pas de prêcher. Voilà pourquoi il faisait venir Timothée ; ce n’était pas pour ses intérêts particuliers, mais pour le bien de l’Évangile, afin qu’aucune crainte ne s’emparât des fidèles à sa mort, ses disciples étant là pour éloigner toutes les causes de trouble et pour consoler les fidèles désolés de la mort de l’apôtre. Je me figure que des personnes considérables avaient embrassé la foi à Rome.
« J’ai envoyé Tychique à Éphèse. Apportez-moi en venant le manteau que j’ai laissé à Troade chez Carpus, et mes livres, et surtout mes papiers ». Ce qu’il nomme ici φελὸνην c’était son manteau, d’autres disent que c’était un sac où l’on enfermait les papiers. Mais qu’avait-il besoin de livres lui qui allait paraître devant Dieu ? Il en avait un besoin urgent pour les léguer aux fidèles qui les conserveraient pour suppléer à son enseignement. Sa mort fut un coup terrible pour tous les fidèles, mais surtout pour ceux qui en furent les témoins et qui alors jouissaient de sa présence. Il demande son manteau afin de n’avoir pas besoin d’emprunter celui d’un autre : ce à quoi il tenait extrêmement. « Vous savez », dit-il en parlant aux Éphésiens, « que ces mains ont fourni à tout ce qui m’était nécessaire et à ceux qui étaient avec moi » ; il dit encore au même endroit : « Qu’il est plus heureux de donner que de recevoir ». (Act. 20,34-35)
« Alexandre, l’ouvrier en cuivre, m’a fait beaucoup de mal. Que le Seigneur lui rende selon ses œuvres ». Saint Paul parle encore ici de ses persécutions, non pour accuser Alexandre, ni pour le décrier, mais pour encourager son disciple à souffrir courageusement la persécution de quelque part qu’elle vienne, vînt-elle d’hommes de la dernière condition, d’hommes de rien. Celui qui est maltraité par un homme puissant, trouve immédiatement une consolation dans le haut rang de son persécuteur. Celui qui subit l’injure d’un misérable, en conçoit une plus grande indignation. « Il m’a fait beaucoup de mal », c’est-à-dire il m’a affligé de mille manières, mais ce ne sera pas impunément, dit-il ; car le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Plus haut il disait : « Vous savez quelles persécutions j’ai endurées, et comment le Seigneur m’a tiré de toutes ». (2Tim. 3,11) Il donne de même ici une double consolation à son disciple : l’une que les maux qu’on lui fait souffrir sont injustes, l’autre que les auteurs de ces maux recevront de Dieu ce que leurs œuvres méritent. Ce n’est pas que les saints se réjouissent des supplices des méchants, mais il est nécessaire pour l’affermissement de la prédication que les faibles reçoivent une espèce de consolation pour se soutenir. — « Gardez-vous de lui parce qu’il a fortement combattu la doctrine que j’enseigne », en se