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d’avoir leur usage dans cette grande maison. Dieu de même se sert des méchants pour des usages qui leur sont proportionnés dans le monde. Par exemple un amateur de vaine gloire bâtit pour faire parler de lui ; il en est de même du marchand, du cabaretier, du prince, chacun d’eux trouve dans le monde les usages qui leur conviennent ; mais un vase d’or n’est que pour la table du prince. L’apôtre ne veut pas dire pour cela que la méchanceté soit nécessaire ; comment le serait-elle ? Mais il veut dire que les méchants trouvent eux-mêmes leur œuvre à faire dans le monde. Si tous les hommes étaient des vases d’or, on n’aurait pas besoin des méchants. Par exemple, si tous étaient patients et durs, il ne faudrait pas de maisons ; si nul n’était esclave de la volupté, il ne faudrait point tant d’apprêts pour les aliments ; si l’on savait se contenter du nécessaire, on n’aurait pas besoin d’appartements somptueux. Quiconque s’affranchira de ces sujétions sera un vase sanctifié pour un noble usage. Vous le voyez, il ne dépend pas de la nature ni d’une nécessité matérielle que l’on soit un vase d’or ou un vase de terre, cela dépend de notre seule volonté. Si la nature en décidait, dès qu’on serait vase de terre, on ne deviendrait plus vase d’or et réciproquement ; mais du moment que c’est la volonté qui fait tout, il y a de grands changements et d’entières conversions. Paul était d’abord un vase de terre, ensuite il devint un vase d’or. Judas était vase d’or, mais il devint vase de terre. C’est donc l’impureté qui fait les vases de terre : le fornicateur, l’avare sont des vases de terre. — Comment donc saint Paul dit-il ailleurs : « Portant ce trésor dans des vases de terre ? » (1Co. 4,7) Le vase de terre n’est donc pas à mépriser, puisque selon l’apôtre lui-même, il contient un trésor. — En cet endroit, c’est la matière elle-même dont est fait notre corps, et non sa forme qu’il désigne. Voici ce qu’il veut dire : C’est un vase de terre que notre corps. De même qu’un vase de terre n’est autre chose qu’un peu d’argile passée au feu, de même notre corps n’est non plus qu’un peu de boue solidifiée par la chaleur de l’âme. Que notre corps soit d’argile, rien de plus évident. Souvent il arrive qu’un vase de terre tombe et se brise, notre corps se dissout de même heurté par la mort. Quelle différence y a-t-il entre la terre cuite et les os ? N’est-ce pas même dureté et même sécheresse ? Et les chairs en quoi diffèrent-elles de la boue, ne sont-elles pas aussi molles et humides ? Pourquoi donc, encore une fois, l’apôtre ne prend-il pas en cet endroit le terme « vase de terre » en mauvaise part ? C’est qu’il y parle de la nature, et que dans le verset que nous interprétons il parle de la volonté.

« Si donc quelqu’un se garde parfaitement pur », non pas seulement pur, mais « parfaitement pur, il sera un vase sanctifié pour l’honneur, propre au service du Seigneur ». Les autres donc lui sont inutiles, bien qu’ils aient peut-être leur usage à quelque chose ; mais ils ne sont point « préparés pour toutes sortes de bonnes œuvres », comme les vases d’honneur qui, même lorsqu’ils ne servent pas, sont bons et susceptibles de servir. Il faut donc être préparé à tout, et à la mort, et au martyre ; il faut être préparé à la virginité et à tous ces sacrifices ensemble. — « Fuyez les désirs des jeunes gens ». Saint Paul n’entend pas ici seulement les désirs contraires à la chasteté, mais tous les désirs désordonnés. Que ceux qui ont vieilli apprennent ici à ne pas se livrer aux passions de la jeunesse. L’insolence, l’ambition, la cupidité, l’amour charnel, voilà des désirs de jeunesse, désirs insensés, désirs d’un cœur non encore affermi, d’un esprit sans solidité, sans fixité, et qui voltige à tous les souffles du monde. Fuyez les chimères de la jeunesse pour ne pas être pris de ces passions. — « Et suivez la justice, la foi, la charité, la paix avec tous ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Par le mot « justice », saint Paul entend la vertu en général, la piété, la foi, la charité, la douceur. Qu’est-ce à dire, « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ? » C’est comme s’il disait : Ne vous fiez qu’à ceux-là seuls, et non à ceux qui invoquent simplement ; fiez-vous à ceux qui invoquent sans déguisement, sans hypocrisie, à ceux qui sont sans fraude, à ceux qui procèdent en tout avec calme et dans la paix, et qui n’aiment pas les querelles. Joignez-vous à ceux-là ; quant aux autres, il ne faut pas se lier avec eux, mais seulement garder avec eux la paix autant que faire se peut.

2. « Quant aux questions impertinentes et oiseuses, évitez-les, sachant bien qu’elles enfantent les contestations ». Vous voyez comment partout saint Paul éloigne Timothée des disputes. Ce n’est pas que ce disciple n’eût assez