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Quelqu’un qui sera pieux envers le prêtre, le sera à plus forte raison envers Dieu. S’il arrive que le prêtre soit mauvais, Dieu, voyant que pour lui plaire vous honorez même un indigne, vous en récompensera. « Si celui qui reçoit un prophète comme prophète obtient la récompense d’un prophète » (Mt. 10,41) : il en sera de même pour celui qui honore le prêtre, qui lui accorde soumission et obéissance. Si, lorsqu’il s’agit de l’hospitalité accordée à un inconnu, vous recevez une si grande récompense, il est clair que vous en obtiendrez une beaucoup plus grande pour vous soumettre à ceux à qui Dieu vous commande d’être soumis. « Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse », dit Notre-Seigneur, « faites donc ce qu’ils vous diront ; mais n’imitez pas leurs œuvres ». (Mt. 23,2, 3) Ignorez-vous ce que c’est qu’un prêtre ? C’est un ange du Seigneur. Car les paroles qu’il dit ne sont pas de lui. Si vous le méprisez, ce n’est pas lui que vous méprisez, mais Dieu qui vous l’envoie. — Et qu’est-ce qui me prouve que c’est Dieu qui me l’envoie, direz-vous ? — Si vous n’avez pas cette croyance, votre espérance est donc vaine. Car si Dieu n’opère point par l’intermédiaire du prêtre, vous ne recevez pas le baptême, vous ne participez pas aux divins mystères, vous ne recevez pas les eulogies, vous n’êtes pas chrétien.
3. Quoi donc ! direz-vous, est-ce que Dieu les ordonne tous, même les indignes ? Dieu ne les ordonne pas tous, mais il opère lui-même par le ministère de tous, même des indignes, pour le salut du peuple. S’il s’est autrefois servi d’un âne, et d’un méchant homme tel que Balaam pour bénir son peuple (Nom. 22) ; pourquoi ne se servirait-il pas d’un prêtre ? Qu’est-ce qu’il ne fait pas pour notre salut ? Que ne dit-il pas ? De quel intermédiaire dédaigne-t-il de se servir ? S’il a opéré par le ministère de Judas, et par celui de ces prophètes auxquels il dit : « Je ne vous connais pas, retirez-vous de moi, vous qui opérez l’iniquité » (Mat. 7,23) ; si d’autres pécheurs ont chassé les démons en son nom ; à plus forte raison opérera-t-il par le ministère des prêtres. Si nous devions scruter la vie et la conduite de nos pasteurs, ce serait nous en réalité qui les ordonnerions, et alors tout serait mis sens dessus dessous, les pieds seraient en haut et la tête en bas. Écoutez ce que dit saint Paul : « Pour moi, je me mets fort peu en peine d’être jugé par vous, ou par quelque homme que ce soit » ; et encore : « Pourquoi jugez-vous votre frère ? » (1Co. 4,3 et Rom. 14,10) Si vous ne devez pas juger votre frère, vous devez encore bien moins juger le prêtre. Si Dieu vous l’a commandé, vous avez raison de le faire, et vous péchez en ne le faisant pas. Mais s’il vous l’a défendu, gardez-vous de le faire ; n’allez pas franchir la barrière des commandements. Après la prévarication du veau d’or, Coré, Dathan et Abiron, et leurs partisans, se soulevèrent contre Aaron. Or, qu’arriva-t-il ? vous le savez, ils furent anéantis. Que chacun s’occupe de ce qui le regarde. Si quelqu’un altère le dogme, ne l’écoutez pas, quand ce serait un ange. Si quelqu’un enseigne selon l’orthodoxie, ne faites pas attention à sa vie mais seulement à ses paroles. Vous avez saint Paul pour vous former au bien par ses exemples comme par ses discours.

Mais il ne donne pas aux pauvres, dites-vous, et il administre mal. Qu’en savez-vous ? N’accusez pas avant d’être sûr, craignez le compte que vous aurez à rendre. On juge souvent sur de simples soupçons. Imitez votre Maître, écoutez ce qu’il dit : « Je descendrai et je verrai si leurs œuvres répondent à ce cri qui est venu jusqu’à moi, pour savoir si cela est ainsi, ou si cela n’est pas ». (Gen. 18,21) Êtes-vous instruit, vous êtes-vous informé, avez-vous même été témoin, attendez encore le juge : ne prenez pas le rôle de Jésus-Christ. C’est à lui qu’il appartient de s’enquérir, non à vous. Vous n’êtes, vous, que le dernier des esclaves, et non le maître. Vous êtes une des brebis du troupeau, n’examinez pas trop rigoureusement votre pasteur, si vous ne voulez pas avoir à rendre compte des accusations que vous portez contre lui. — Et comment me commande-t-il ce qu’il ne fait pas lui-même, direz-vous ? — Ce n’est pas lui qui vous commande ; si c’est à lui que vous obéissez vous n’aurez pas de récompense. C’est Jésus-Christ qui vous commande. Que dis-je ? Il ne faudrait pas même obéir à saint Paul s’il prescrivait quelque chose de son chef, quelque chose d’humain ; il faut obéir à l’apôtre portant en lui Jésus-Christ qui parle par sa bouche.

Ne nous jugeons pas les uns les autres, que chacun se juge soi-même et examine sa propre vie. Mais il doit être meilleur que moi, direz-vous. — Pourquoi ? — Parce qu’il est