Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui veux vous y affermir de plus en plus, vous qui êtes semblables à une couvée récemment éclose, dont les ailes ne sont pas encore formées, et qui ont besoin jusque-là des soins maternels. – Une grande charité se révèle ici. C’est ainsi que nous-mêmes nous réveillons le zèle de personnes endormies. Allons, leur dirions-nous, c’est pour vous que je suis resté, pour vous rendre meilleur !
« Afin qu’étant de retour chez vous, je trouve de nouveaux sujets de me glorifier en Jésus-Christ ». Vous voyez que l’expression συμπαραμενῶ a bien le sens que j’ai indiqué. Mais appréciez l’humilité de Paul. Comme il a dit : Je reste « pour votre avancement », il ajoute qu’il le fait aussi dans son propre intérêt ; c’est la même pensée qui lui faisait écrire aux Romains : « Je veux dire pour être aussi consolé en vous voyant », aussitôt après avoir dit : « Pour vous faire quelque part de la grâce spirituelle ». (Rom. 1,12) – Mais quel est le sens précis de ces mots : « Pour que votre glorification abonde ? » Il veut dire : Pour que les justes sujets de vous glorifier se multiplient ; par suite : Afin que votre foi grandisse et se fortifie : car une vie sainte donne seule droit à être glorifié en Jésus-Christ.
Ainsi « votre glorification en moi » redoublera « par mon arrivée chez vous ? » Sans doute, « car quelle est mon espérance ? Où sera ma glorification ? N’est-ce pas vous qui faites ma gloire comme moi la vôtre ? » (1Thes. 2,19 ; 2Cor. 1,14) Ou plus clairement : Donnez-moi sujet d’être encore plus heureux et plus glorieux de vous ? Et comment ? « Qu’en vous abonde la raison d’être glorifié ! » car je trouverai d’autant plus sujet de gloire, que vous ferez plus de progrès. – « Par mon retour chez vous ». Qu’est-ce à dire ? L’apôtre leur revint-il ? Je vous laisse à résoudre le problème de son retour.
« Ayez soin seulement de vous conduire d’une manière digne de l’Évangile de Jésus-Christ (27) ». Pourquoi ce mot : « Seulement ? » c’est équivalemment leur dire : Je ne vous recommande qu’un point, et rien au-delà. Si vous y êtes fidèles, mal ne peut vous arriver.
« Afin que soit que je vienne et que je vous revoie ; soit même absent de chez vous, je connaisse votre manière d’être ». Il parle ainsi, non pas qu’il ait changé d’avis, et qu’il soit résolu de ne pas revenir à Philippes ; mais quand même mon retour n’aurait pas lieu, dit-il, et bien qu’absent, je puis être content de vous.
3. « Si j’apprends que vous êtes fermes dans l’unité d’un même esprit, d’une seule âme ». C’est là, en effet, le principe de la communion des fidèles, le principe qui contient la charité elle-même. Aussi Jésus-Christ lui-même prie : « Pour qu’ils soient un ». (Jn. 17,11) Car, ajoute-t-il, « un royaume divisé contre lui-même ne subsistera pas ». (Mt. 12,25) De là, toujours dans saint Paul ces exhortations à l’union des cœurs et des pensées. De là cette définition du divin Sauveur : « Tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres ». (Jn. 13,35)
Gardez-vous, dit saint Paul, de rester endormis en attendant que j’arrive, et de différer jusqu’au jour de mon arrivée si attendue, jusqu’à l’heure où vous me reverrez, et d’en faire dépendre votre ferveur ou votre tiédeur[1]. Je puis, par ouï-dire, être aussi content de vous. Que veut dire ce terme : « En un seul esprit ? » Il signifie dans la même grâce, grâce de concorde, grâce de ferveur. Entendez ainsi l’unité d’esprit, puisque ces expressions se prennent souvent en ce sens. Avoir le même esprit, c’est aussi n’avoir qu’une âme ; ainsi l’unité d’âme marque la concorde, et plusieurs âmes sont dites n’en faire qu’une. Telle était la primitive Église. « Tous les fidèles », dit l’écrivain sacré, « n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ». (Act. 4,32)
« Combattant tous ensemble pour la foi de l’Évangile ». Puisque la foi subit comme un combat, combattez aussi entre vous ; est-ce là ce qu’il veut dire ? Évidemment non, car les chrétiens ne se livraient point de combats ; le sens est : Aidez-vous mutuellement, dans le combat qui se livre pour la foi de l’Évangile.
« Et que vous ne soyez en rien effrayés par les adversaires : ce qui est le sujet de leur perte, et la cause de votre salut ». Effrayés, c’était le mot vrai ; c’est tout ce que peut faire l’homme ennemi : il effraie. – « En rien », ajoute-t-il : quoi qu’il arrive, par conséquent, en face des périls, en présence des complots.

  1. Deux leçons contraires se lisent dans les manuscrits, et nous les avons fait soupçonner dans la traduction : « Gardez de m’attendre pour bien agir ; gardez de ne plus vouloir agir, si vous ne me revoyiez plus ».