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LA FEMME QUI FUT SÉDUITE ET PRÉVARIQUA ; MAIS ELLE SERA SAUVÉE PAR SA MATERNITÉ, SI ELLES DEMEURENT DANS LA FOI, LA CHARITÉ ET LA SANCTIFICATION, AVEC TEMPÉRANCE. (II, 11-15)

Analyse.

  • 1. Profitant du texte de l’apôtre qui défend aux femmes de parler dans l’église, l’orateur blâme vivement les conversations auxquelles les femmes se livraient de son temps pendant le service divin et pendant le sermon.
  • 2. Importance de la bonne éducation des enfants.


1. Le bienheureux Paul demande aux femmes une grande pudeur, une grande réserve, non seulement dans la tenue et les vêtements, mais jusque dans la voix. Qu’une femme, dit-il, n’élève pas la voix dans l’église ; ce qu’il exprime dans l’épître aux Corinthiens, quand il dit : « Il est honteux qu’une femme parle dans l’église » (1Cor. 14,35) ; et aussi : « La loi dit qu’elles doivent être soumises. Si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris chez elles ». (Id. 35) Aujourd’hui au contraire, quel trouble, quelles clameurs, quelles conversations ! Nulle part on n’en entend de si bruyantes ; on les voit causer comme elles ne le font pas sur une place publique, ni dans les bains ; on dirait qu’elles viennent à l’église pour se récréer, tant elles s’y livrent toutes à des conversations inutiles. Aussi tout est-il bouleversé ; elles ne songent pas que, si elles ne gardent le silence, elles n’apprendront point ce qu’elles ont besoin de savoir. Si, en effet, le sermon vient au travers d’une conversation engagée et que personne n’écoute l’orateur, quel profit en peut-on tirer ? La femme doit si bien être silencieuse que, comme l’enseigne le texte, elle ne doit parler dans l’église ni des choses temporelles, ni même des choses spirituelles. Voilà sa gloire, voilà sa pudeur, voilà ce qui la parera mieux que ses vêtements ; si elle se revêt de cette parure, elle pourra faire ses prières avec une parfaite décence. – « Je ne permets point à la femme d’enseigner », dit-il. Quelle conséquence a cette parole ? une grande assurément. L’apôtre parlait du silence, de la réserve, de la pudeur ; il ne veut pas, dit-il, que les femmes bavardent ; et, voulant leur enlever toute occasion de le faire, il leur défend d’enseigner, mais leur assigne le rôle de disciples ; ainsi par leur silence elles témoigneront de leur soumission. Leur nature est parleuse ; il la réprime ainsi de toute façon.
« Adam », dit-il, « a été formé le premier, Eve ensuite ; et ce ne fut point Adam qui fut trompé ; c’est la femme qui fut trompée et prévariqua ». Mais cela concerne-t-il donc les femmes d’aujourd’hui ? Oui, l’homme jouit d’un plus grand honneur ; il a été formé le premier ; et ailleurs l’apôtre a montré cette supériorité quand il a dit : « L’homme n’a point été formé pour la femme, mais la femme pour l’homme ». (1Cor. 11,9). Et pourquoi dit-il cela ? c’est que l’homme doit tenir le premier rang, pour ce motif d’abord, puis à cause de ce qui s’est passé. La femme un jour enseigna l’homme, elle bouleversa tout et le rendit coupable de désobéissance, aussi Dieu l’a-t-il assujettie, parce qu’elle avait fait mauvais usage de son autorité ou plutôt de l’égalité des rangs. « Tu seras soumise à ton mari », dit l’Écriture (Gen. 3,16) ; parole qui n’avait point été dite avant le péché. Mais peut-on dire qu’Adam ne fut pas trompé ? car autrement il n’eût pas désobéi. La femme dit : Le serpent m’a trompée (Id. 13) ; mais Adam ne dit pas : « La femme m’a trompé » ; il dit : « Elle m’a donné de ce fruit et j’en ai mangé ».(Id. 12) Ce n’est point un crime semblable d’être séduit par un être de même nature et de même race, ou de l’être par un animal, un esclave, un être inférieur par sa nature ; c’est là être vraiment trompé. L’apôtre dit donc qu’Adam ne fut pas trompé, par comparaison avec la femme, parce qu’elle se laissa tromper par un esclave, un être d’une nature inférieure, et qu’il le fut par un être libre. Et ce n’est point d’Adam qu’il est écrit : « Elle considéra que ce fruit était bon à manger ; mais c’est la femme qui en mangea et en donna à son mari » (Ib, 6) ; en sorte qu’il ne prévariquât point par mauvais désir, mais seulement par complaisance pour sa femme. La femme a enseigné une fois et a tout bouleversé ; aussi l’apôtre dit-il « Qu’elle n’enseigne point ». Mais quelle conséquence tirer pour les autres femmes, s’il en fut ainsi d’Eve ? Une grande conséquence,