leur disant qu’il réclame d’eux des prières ; en leur disant que, de son côté, il demande pour eux l’abondance de tous les biens. « Que le Seigneur vous donne un cœur droit, dans l’amour de Dieu ». Il y a bien des causes qui détournent de l’amour, bien des sentiers qui vous entraînent au loin ; et d’abord la cupidité qui jette, pour ainsi dire, impudemment ses mains sur nos âmes ; qui les saisit, en les déchirant, et violemment les entraîne en dépit de tout ; ensuite la vaine gloire ; et souvent les afflictions, les tentations nous poussent hors du droit chemin. Aussi avons-nous besoin, comme d’un souffle favorable, du secours de Dieu ; il faut qu’il remplisse notre voile et nous reporte vers l’amour divin. Et ne me dites pas : Je l’aime plus que moi-même, ce sont des mots ; ce sont nos actions qui doivent montrer si vous l’aimez plus que vous-mêmes. Aimez-le plus que l’argent, et alors je croirai sans peine que vous l’aimez plus que vous-mêmes. Si vous ne méprisez pas les richesses à cause de Dieu, comment vous mépriserez-vous vous-mêmes ? Mais, que dis-je, les richesses ? Si vous ne méprisez pas l’avarice, ce que vous devriez faire, même en l’absence de toute prescription, de Dieu, comment vous mépriserez-vous vous-mêmes ? – « Et dans la patience de Jésus-Christ », dit l’apôtre. Qu’est-ce que cela veut dire : « Dans la patience ? » – Que nous souffrions avec patience ce qu’il a souffert ; que nous fassions ce qu’il a fait, ou bien encore que nous l’attendions patiemment, c’est-à-dire que nous soyons prêts. Il a fait des promesses considérables ; il vient lui-même juger les vivants et les morts ; attendons-le, ayons patience. En disant : « Patience », l’apôtre donne à entendre l’affliction, car c’est aimer Dieu que de souffrir avec patience, et de ne pas se laisser troubler.
« Nous vous ordonnons, mes frères, au nom de Notre – Seigneur Jésus-Christ, de vous retirer de tous ceux d’entre vos frères qui se conduisent d’une manière déréglée, et non selon la tradition qu’ils ont reçue de nous (6) ». Ce qui veut dire : Ce n’est pas nous qui vous disons ces choses, c’est le Christ. Voilà, en effet, ce que signifie : « Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ », paroles qui montrent combien l’ordre est redoutable ; c’est par le Christ, dit-il, que nous vous ordonnons ; nulle part le Christ ne nous autorise à l’inertie : « De vous retirer », dit l’apôtre, « de tous ceux d’entre vos frères ». Ne me parlez ni de riches, ni de pauvres, ni de saints ; tout cela n’a rien à voir avec l’ordre. « Qui marchent », dit-il ; cela veut dire qui se conduisent « d’une manière déréglée et non selon la tradition qu’ils ont reçue de nous ». Il parle de la tradition par les œuvres ; c’est toujours là, au propre, la tradition qu’il entend. « Car vous savez vous-mêmes ce qu’il faut faire pour nous imiter, puisqu’il n’y a rien eu de déréglé dans la manière dont nous avons vécu parmi vous, et nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne (7, 8) ». Quand même je l’aurais mangé, je ne l’aurais pas mangé gratuitement. « Car celui qui travaille, mérite sa récompense ». (Lc. 10,7) « Mais nous avons travaillé jour et nuit, avec peiné et avec fatigues, pour n’être à charge à aucun de vous ; ce n’est pas que nous n’en eussions le pouvoir, mais c’est que nous avons voulu nous donner nous-mêmes pour modèles, afin que vous nous imitiez. Aussi, lorsque nous étions avec vous, nous vous déclarions que celui qui ne veut point travailler ne doit point manger (9,10) ».
2. Voyez, dans la première épître, comme il s’exprime avec plus de douceur à ce sujet, par exemple, quand il dit : « Je vous exhorte, mes frères, à vous avancer de plus en plus, et à vous appliquer ». (1Thes. 4,10, 12) On n’y trouve nulle part : Nous vous ordonnons ; ni : Au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ; ce qui est redoutable et rempli de dangers ; mais : « De vous avancer », dit-il, « et de vous appliquer,» ; ce qui était une exhortation à la vertu, comme le : « Afin que vous vous conduisiez honnêtement ». (1Thes. 4,11) Ici, au contraire, rien de pareil ; mais : « Celui qui ne veut point travailler, ne doit point manger ». C’est qu’en effet, si Paul, qui n’avait pas besoin de travailler, qui pouvait vivre en prenant des loisirs, s’était assujetti à un si grand labeur, travaillait, et non seulement travaillait, mais travaillait nuit et jour, afin de secourir les autres, à bien plus forte raison d’autres devaient-ils imiter son exemple.
« Nous avons appris qu’il y en a parmi vous qui marchent d’une manière déréglée, ne travaillant point, se mêlant de ce qui ne les regarde pas (11) ». Ceci, dans l’épître qui
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