mal. Mais voilà, c’est par des considérations empruntées à l’argent, que vous dédaignez ce frère, qui est votre ennemi ? Non, jamais cela, je vous en conjure. Rompons tous nos liens. Nous avons l’occasion dans nos mains, sachons en faire un bon usage. Coupons les cordages qui nous attachent au péché ; avant de partir d’ici pour le jugement, jugeons-nous réciproquement nous-mêmes. « Que le soleil », dit l’apôtre, « ne se couche point sur votre colère ». (Eph. 4,26) Pas de délai. Les délais ne font qu’engendrer, à l’infini, les ajournements. Différer aujourd’hui, c’est ajouter à votre confusion ; hésiter demain, c’est vous apprêter plus de honte encore ; reculer après-demain, c’est vouloir encore plus de rougeur sur son front. Ne nous déshonorons pas nous-mêmes ; pardonnons afin qu’il nous soit pardonné. Si nous recevons notre pardon, nous obtiendrons les biens du ciel, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l’honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
HOMÉLIE V.
- Ce n’est pas en leur propre nom, mais au nom du Seigneur que les apôtres exhortent les fidèles. — La vertu parfaite ne consiste pas seulement à éviter le mal, il faut, de plus, faire le bien. — De la sanctification.
- Contre la fornication. Combien l’adultère est détestable. — C’est un outrage à Dieu même. — Des différentes espèces d’adultères, surtout en ce qui concerne la conduite des hommes.
- Il convient de marier les jeunes gens de bonne heure. — Contre les habitudes licencieuses que contracte la jeunesse. — Précautions de saint Jean Chrysostome quand il parle sur l’impureté ! — De la pudeur qui s’alarme des mots, et non des choses.
- Contre les spectacles lascifs, et tout ce qui porte à l’impudicité. — Contre la mollesse, la lâcheté, qui s’oppose à la volonté, à la correction des mœurs.
1. Après avoir insisté sur ce qui était urgent, dans le moment, il passe aux affaires éternelles, aux vérités qu’il faut toujours entendre ; il annonce la suite de son discours par cette expression, « au reste », ce qui veut dire, et toujours, et continuellement nous vous demandons, et nous vous conjurons en Notre-Seigneur. Eh quoi ! il ne se croit pas assez d’autorité pour conjurer les fidèles, en son propre nom ; et cependant qui avait autant d’autorité que lui ? Il s’adjoint le Christ. C’est au nom de Dieu que nous vous conjurons, dit-il. Car c’est là le sens de cette expression : « En Notre-Seigneur ». C’est ainsi qu’il disait aux Corinthiens : « C’est Dieu même qui vous exhorte par notre bouche ». (2Cor. 5,20) « Qu’après avoir appris de nous ». Le, « Après avoir appris », ne suppose pas seulement l’instruction par les paroles, mais l’enseignement par les œuvres. Ces mots : « Comment vous devez marcher », embrassent toute la conduite de la vie. « Pour plaire à Dieu, vous avanciez de plus en plus » ; c’est-à-dire, vous montriez une vertu plus haute, vous ne vous renfermiez pas seulement dans la stricte observation des préceptes, mais vous les dépassiez, c’est là ce que veut dire, « vous avanciez de plus en plus ». Dans les passages qui précèdent, il admire la solidité de leur foi ; ici l’apôtre veut régler leur vie. En effet, c est une marque de progrès que d’aller jusqu’à dépasser les préceptes et les commandements ; car alors ce n’est plus seulement la nécessité doctrinale, c’est le libre mouvement de la volonté qui détermine toutes les actions. La terre ne rend pas seulement ce qu’on y a semé ; il en est de même pour l’âme qui ne doit pas se borner à reproduire la semence qu’on y jette, mais la dépasser. Voyez-vous combien l’apôtre a raison de vouloir qu’on dépasse les préceptes ?