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mais en envoyant cette épître qui doit leur être lue. Puis il accorde à Nymphas un souvenir spécial et flatteur, et il a ses raisons pour cela, il veut inspirer à ses auditeurs le désir de l’imiter. C’est un grand honneur qu’il lui fait de ne pas le confondre avec les autres. Pour voir que c’était quelqu’un de considérable que ce Nymphas, jetez les yeux sur sa maison, sur cette maison qui est une église. « Et lorsque cette lettre aura été lue parmi vous, ayez soin qu’elle soit lue aussi dans l’Église de Laodicée (16) ». Je crois que la lettre de saint Paul aux Colossiens contient des détails qui devaient intéresser les Laodicéens. Et ces derniers n’en retiraient que plus dé fruits. Les avis donnés par saint Paul à leurs frères de Colosse leur faisaient faire un retour sur eux-mêmes. « Et qu’on vous lise aussi la lettre des Laodicéens ». Quelques interprètes voient dans cette autre lettre, non pas une épître de saint Paul aux Laodicéens, mais une épître des Laodicéens à saint Paul, puisque l’apôtre ne dit pas : Ma lettre aux Laodicéens, mais, la lettre des Laodicéens. « Dites à Archippe : Prenez garde au ministère que vous avez reçu du Seigneur, afin que vous en « remplissiez tous les devoirs (17) ». Pourquoi ne s’adresse-t-il pas directement à Archippe ? Peut-être n’était-ce pas nécessaire, et suffisait-il de ce simple avis, pour ranimer son zèle. « Voici la salutation que j’ajoute ici, moi Paul, de ma propre main ». C’est là une preuve de tendresse sincère et du plaisir que devait causer aux Colossiens cette salutation écrite de la main de Paul. « Souvenez-vous de mes liens ». O liens consolateurs qui suffisent pour les exhorter en tout et pour les rendre plus forts ! Que dis-je ? En les rendant plus forts, ces liens les attachaient davantage à l’apôtre. « La grâce soit avec vous ! Ainsi soit-il ».
2. C’est un grand éloge, c’est l’éloge le plus magnifique de dire, en parlant d’Epaphras « C’est un des vôtres ; c’est un serviteur du Christ ». Saint Paul le représente comme un ministre de Dieu qui combat pour eux ; c’est ainsi qu’il se représente lui-même comme un ministre de l’Église, comme dans ce passage où il dit : « Je lui ai prêté mon ministère, moi Paul ». (Col. 1, 25) Il appelle Epaphras au partage de cet honneur. C’est son compagnon dans le service de Dieu, a-t-il dit plus haut. C’est un serviteur du Christ, nous dit-il encore dans ce passage. « C’est un des vôtres ». Il semble s’adresser à la cité qui est sa mère ; il semble dire à cette cité C’est là fruit de tes entrailles. Mais un panégyrique aussi explicite aurait déchaîné l’envie. Voilà pourquoi, afin de le recommander aux Colossiens, il s’appuie sur ce qui les intéresse personnellement. C’est le moyen de conjurer l’envie. « Il ne cesse, d’avoir pour vous », leur dit-il, « une tendre sollicitude ». Et cela, non pas seulement quand il se trouve avec nous ou avec vous ; car il n’y a pas chez lui d’ostentation. Il caractérise d’un mot le zèle et l’ardeur d’Epaphras. « C’est une tendre sollicitude ». Puis, pour que son langage ne soit pas suspect de flatterie, il ajoute : « Il a un grand zèle pour vous et pour ceux dé Laodicée et d’Hiérapolis ». – « Afin que vous demeuriez fermes et parfaits ». Ce n’est pas là de la flatterie ; c’est le signalement d’un maître respectable. Il faut que vous demeuriez fermes et parfaits, dit-il. En leur accordant l’une de ces deux qualités, il leur refuse l’autre. Il ne dit pas : Afin que vous soyez préservés de toute chute ; mais : « Afin que vous restiez fermes ».
Ces salutations font le bonheur de ces hommes qui, salués par leurs amis, se voient rappelés en même temps au souvenir de la cité. « Dites à Archippe de considérer le ministère qu’il a reçu de Dieu ». Il les met par là sous la dépendance absolue d’Archippe. Ils n’ont plus le droit de le critiquer, lorsqu’il les reprend, puisqu’ils lui donnent eux-mêmes plein pouvoir. Il est leur maître, et il n’est pas rationnel que les disciples se permettent de critiquer le maître. C’est donc pour leur fermer la bouche parla suitequ’il leur écrit. « Dites à Archippe : Prenez garde à votre ministère ». C’est le ton de la menace. Il dit de même : « Gardez-vous des chiens ». (Phil. 111, 2) « Prenez garde qu’on ne vous égare prenez garde que cette liberté dont vous jouissez ne soit une occasion de chute pour les faibles ». (Col. 2,8 ; 1Cor. 8,9) Voilà comme il parle toujours, quand il veut inspirer une crainte salutaire. « Prenez garde », dit-il, « au ministère que vous avez reçu de Dieu afin que vous le remplissiez dignement ». Il ne le laisse pas ; maître de ses actions. Il disait de même dans son épître aux Corinthiens : « Si je prêche l’Évangile de bon cœur, j’en aurai la récompense ; mais si je ne le fais qu’à regret, je dispense ce qui m’a été confié ». (1Cor. 9,47) – « Afin que vous