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PROMENADE DANS LES DEUX CANTONS DE DOURDAN.

Ablis est un pays de grande culture. Nous sommes au milieu du vaste bassin lacustre, dans la région du blé, qui couvre, vers l’ouest, un immense territoire. Point de jonction de deux routes impériales dont l’une va directement de Paris à Chartres, Ablis, qui possède une foire le lundi d’après le 2 février, a pour ses produits de magnifiques débouchés. La paroisse d’Abluyez était, au moyen âge, une des bonnes paroisses du doyenné de Rochefort, on y comptait plus de mille habitants. L’église, bâtie au xie siècle, sous l’invocation de saint Pierre et de saint Paul, et dont la cure était à la collation de l’abbé de Josaphat, jouissait d’un revenu qui équivalait environ à 5,000 fr. d’aujourd’hui. Le chapitre de Notre-Dame de Cléry, l’abbaye des Vaux-de-Cernay, avaient à Ablis des possessions et des droits. Le territoire d’Ablis faisait anciennement partie de la châtellenie de Bretencourt et par conséquent de la seigneurie de Rochefort. En faveur de M. Poncet de la Rivière, Ablis fut érigé en comté, et conserva longtemps un droit de passage sur les grains qui circulaient journellement par la grande route. Ablis avait jadis une maladrerie et possède aujourd’hui un hospice assez richement doté.

Autour d’Ablis, d’anciens fiefs sont représentés par des fermes ou des hameaux : Provelu, Long-Orme, Guierville, Mainguerain, Ménainville, Dimancheville, dont la seigneurie appartenait au chapitre de Cléry et dont relevait le fief de Semont, près de Dourdan.

Sans pénétrer plus avant dans le canton au midi, prenons sur la gauche le chemin de grande communication qui ramène dans la direction de Dourdan, en côtoyant le chemin de fer. La commune de Boinville-le-Gaillard est, comme celle d’Ablis, essentiellement agricole. Boenvilla était au moyen âge une des procurationes de l’évêque de Chartres au doyenné de Rochefort. L’église, sous l’invocation de Notre-Dame, reconnaissait comme collateur l’abbé de Bonneval. Aux siècles derniers, les de l’Hospital Sainte-Mesme étaient regardés comme les seigneurs du lieu.

A côté de Boinville est le Bréau, dont le château du xvie siècle est aujourd’hui habité par MM. de Noé et d’Hervey. Le Bréau a reçu le surnom de Bréau-sans-nappe. Ce surnom a pu être l’occasion d’un bon mot de Henri IV, mais avait cours bien avant lui sous une forme qui a été altérée. Le nom de Sannapes ou Sanapes était celui d’une très-ancienne famille qui figure au moyen âge dans l’histoire féodale de la contrée. Philippe Guérin, grand pannetier de France, était « seigneur du Bréau Sannapes » et bailli de Dourdan en 1463[1].

Dans la plaine unie et sans limite, un sillon se creuse, un vallon s’ouvre, quelques bois apparaissent et un cours d’eau s’en échappe ; nous sommes aux sources de l’Orge et à l’origine de notre vallée, sur le territoire de la commune de Saint-Martin de Bréthencourt. Ce double nom

  1. Voir de Lescornay, p. 242.
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