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CHAPITRE II.

dans une ancienne pièce, les frères de Louye sont désignés et traduits par ces mots : « fratres nostri de Auditorio[1] ».

À ce sanctuaire primitif avaient déjà été affectés des terres et des bois distingués du reste de la forêt par une enceinte de fossés, suivant cette phrase de la donation de Louis le Jeune : « locum de Loyâ cum nemore et terra sicut fossatis undique cingitur et distinguitur. » Cette sorte d’enclos fut à toujours concédé aux religieux de Grandmont, et pour leur en assurer la jouissance paisible, le roi prit soin d’obtenir de ses hommes ou sujets des Granges renonciation de tous les droits qu’ils pouvaient avoir sur les bois de Louye. Une charte datée d’Étampes de 1163 nous a conservé les termes de cette donation royale[2].

Auprès des Bonshommes de Louye, le pieux roi et sa femme vinrent souvent sans doute chercher lumières et consolation, et c’est à eux qu’ils s’adressèrent, comme le raconte du Haillan, pour obtenir du ciel ce fils si longtemps refusé à leurs vœux, ce Philippe qu’ils surnommèrent Dieudonné, et que l’histoire a baptisé Auguste.

C’est très-probablement aussi à Louis le Jeune que remonte la création de la léproserie de Dourdan[3].

Après la mort de Louis, la reconnaissance et une fidèle affection ramenèrent bien souvent à Dourdan la reine Alix. Une colline située tout près de la ville, où elle aimait, dit-on, à se promener, a retenu jusqu’à ce jour le nom de Butte à la Reine. Les bons religieux ses voisins ne furent pas oubliés par elle. Elle acheta la seigneurie de Chalou, nommée depuis Chalou-la-Reine, et la donna aux chevaliers du Temple, à la charge expresse de compter chaque année aux frères de Louye près Dourdan vingt muids de froment à prendre dans la grange de Chalou, à la mesure de l’endroit, le jour de la Saint-Rémi, et dix livres parisis à toucher au Temple à Paris, le lendemain de la Circoncision. Le grand maître du Temple, en présence de beaucoup de ses chevaliers, passa à l’heure même une reconnaissance de cette riche dotation par acte capitulaire daté de 1183[4].

De toutes parts alors affluaient aux couvents et aux églises subsides de diverses espèces. Les particuliers tenaient à honneur d’être aumôniers comme les rois, et à la suite des riches offrandes faites par le roi Louis à la célèbre abbaye de Josaphat, au diocèse de Chartres, se trouve le don de la terre du Bouchet, près Dourdan, fait aux moines par la dame Isabelle de Dourdan[5]. A peu de distance de sa vallée, sur une des lisières de la forêt

  1. Abandon de dîmes fait aux chanoines de Saint-Chéron par les religieux de Louye, février 1223. — Archives d’Eure-et-Loir, fonds de Saint-Chéron. Voir le chapitre iv.
  2. Voir le texte dans de Lescornay, p. 40, ou mieux dans le Recueil de M. Moutié, page 77.
  3. Voir le chapitre iv.
  4. Voir de Lescornay, p. 50 ; M. Moutié, p. 77.
  5. Extrait de cartulaires blancs et rouges de Josaphat (archives départementales de