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CHAPITRE XI.

de son maître Louis XIII, et auquel il a consacré un bon tiers de son opuscule. Mais le lecteur, je crois, nous saura bon gré de lui faire grâce des plates et emphatiques tirades du trop flatteur écrivain. Certains extraits, pourtant, ne seront point inutiles pour faire connaître quelques-uns des faits noyés dans ces flots d’hyperboles.

Il est convenu que Louis XIII est le soleil de justice qui ne se montre pas de prime abord pour ne pas éblouir Dourdan. Toute une aurore avant-courrière le précède dans cette ville fortunée. Ceci admis, « toutes choses luy semblent venir à souhait. Le sieur du Marais luy est donné pour gouuerneur, mais plustost pour père et protecteur, car il s’intéresse dans sa fortune et s’y monstre si passionné, qu’en toutes occasions il contribuë de sa part à l’augmenter. Je ne rapporteray en particulier les tesmoignages qu’il en a rendus ; seulement diray-je que pendant les mouuements de l’année 1616, encore qu’il fist profession de la Religion prétenduë réformée, si est-ce qu’il ne voulut pas que le iour de Noël les chefs de la ville feussent diuertis des prières et de la messe de my-nuict pour faire leurs rondes ordinaires, luy-mesmes en prit le soin et quitta son chasteau pour passer toute la nuict dans les corps de gardes et le long des courtines de la ville : après quoy il ne faut plus demander de preuues de sa bonté et de son affection enuers ce peuple. Au milieu de ces rauissements, Dourdan ressentit vn grand reuers de fortune par la mort de ce bon gouuerneur, et luy eust esté ce mal beaucoup plus cuisant, s’il n’eust esté adoucy par le genre de ceste mort pleine de gloire et de trophées acquis par sa valeur, et bien-heureuse par l’abjuration qu’il feit de l’erreur de sa Religion, et incontinent après du tout osté par la venuë de Monsieur de Buy, son successeur, lequel d’autant plus affectionné à ceste ville, qu’il y avoit esté nourry jeune et que son père l’auoit aussi autresfois gouuernée[1], y apporta tout ce que sa qualité et sa naturelle bonté en pouuoient faire espérer. Mais la Royne, en voulant prendre vn soin plus particulier, elle le donna à gouuerner à Monsieur de Montbazon, son cheualier d’honneur, afin qu’estant tousiours près de sa personne, il descouurist plus aisément ses intentions, apprist les inclinations qu’elle auoit pour l’aduancement de ce lieu, et que de sa part il apportast tout ce qu’il jugeroit nécessaire pour l’accomplissement de ce dessein : c’est ce qu’il a fait depuis et auec tant de diligence, qu’il l’a rendu beaucoup plus heureux qu’il n’auoit esté longtemps auparauant[2]. »

En 1621, Marie de Médicis, se rendant, vers la fin d’octobre, à Chartres pour faire ses dévotions le jour de la Toussaint, passa par Saint-Arnoult. Le corps de ville de Dourdan, prévenu d’avance, se porta à la rencontre et eut l’honneur de saluer sa dame et maîtresse, et de lui offrir

  1. Pierre de Mornay, seigneur de Buhy, frère de Duplessis-Mornay.
  2. De Lescornay, p. 179-181.