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indigène[1] qui l’irrite plus qu’il ne le soulage. Malgré tout il travaille. Nous allons dans trois jours habiter notre belle Chartreuse dans un site magnifique. Nous avons acheté un mobilier et nous voici propriétaires à Mallorque. C’est un ravissant pays et nous sommes heureux ; il ne nous manque que Vous. Nous avons appris avec douleur et consternation la malheur de la femme de Mickiewicz.[2] Mon Dieu, mon Dieu ! Vous pouvez toujours compter sur moi pour l’article en question[3] et pour celui de la vente.[4] Mais, hélas ! je n’ai pas encore fini Spiridion. Je ne peux travailler encore. Nous ne sommes pas installés, nous n’avons ni âne, ni domestique, ni eau, ni feu, ni moyen sûr d’envoyer les manuscrits. Moyennant quoi, je fais la cuisine au lieu de faire de la littérature et ne sais encore si le dernier paquet que j’ai envoyé à Buloz est parvenu. Soyez assez bon pour le voir et pour lui dire que la 4ème partie de Spiridion voyage vers lui, si toutefois il ne l’a pas reçue. L’Espagne est fort troublée dans ce moment. Le porteur de Spiridion n’a peut-être pu arriver aux Pyrénées. Les communications avec la France qu’on nous avait… [la fin manque].

  1. On peut voir ce piano majorquin dans la cellule-musée de la Chartreuse.
  2. Madame Mickiewicz venait d’être frappée de démence.
  3. Il s’agit de l’étude intitulée par George Sand : Essai sur le drame fantastique : Goethe, Byron, Mickiewicz et qui parut dans la Revue des deux Mondes du 1er décembre 1839.
  4. La vente dont il est question ici est une de celles que la princesse Adam Czartoryski organisait tous les ans au profit des émigrés polonais.