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baguette pour découvrir les métaux (56), et c’est en 1630 qu’on apprit en France l’usage qu’on en faisait en Allemagne dans la recherche des eaux souterraines (58). Le mouvement de la baguette fut généralement attribué à une cause occulte, une sympathie supposée exister entre la matière souterraine et la baguette, jusqu’en 1679, que M. de Saint-Romain, dans son livre de la Science naturelle dégagée des chimères de l’école (61), l’attribua à des effluves d’esprits ou de corpuscules, conformément aux idées de la philosophie cartésienne. Cette explication fut adoptée par l’abbé de Lagarde et les Drs Chauvin et Garnier, et l’abbé de Vallemont (78) ; évidemment elle rapprochait les effets de la baguette des effets dont l’étude est du ressort de la physique proprement dite. Ce fut alors, du mois d’août 1632 à avril 1693, que la part d’influence que l’on fit, au xviie siècle, à la matière dans le phénomène de la baguette fut la plus grande possible.

231.Mais dès le mois de juillet de l’année 1689 (64), le père Lebrun commença, dans sa première Lettre au père Malebranche, à émettre une opinion qui devait renverser l’explication cartésienne du mouvement de la baguette. Cette opinion était fondée principalement sur la considération de la diversité des cas que l’on citait où la baguette avait fait connaître des choses du monde moral que l’on voulait savoir, tout aussi bien qu’elle faisait découvrir des métaux, des eaux, etc. C’est ainsi que dès 1689 le père Lebrun, le père Malebranche, l’abbé de la Trappe M. de Rancé,