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de Campagne d’Horace. I. Part.

preſſément n’avoir été bon que pour les plus petits navires ; ſoit enfin que c’eut été à la verité un vrai Port de Guerre, ce qu’il faudroit reconnoitre s’il falloit entendre de lui avec tous les interprétes le texte d’Horace qui peint Neptune introduit avec un travail vraiment roïal dans les terres pour y procurer aux Flottes un azile contre la fureur des vents[1] ; Mais que ce Port ne ſe ſoit pas trouvé dans l’uſage auſſi-bon qu’il pût paroitre dans le projèt ; ce que pourroient faire penſer des difficultes d’entrée, & d’ancrage que Strabon y releve ; ſoit, dis-je, ces raiſons ou d’autres, la conſtruction de ce premier Port

  1. Le Texte d’Horace correspondant est :

                                      ſive receptus
    Terra Neptunus Claſſes aquilonibus arcet.
    Regis opus

    Mais la raison de douter ſi c’eſt du Port Jules qu’il parle, c’eſt qu’à ces eaux étrangeres introduites dans les Terres, il joint les Terres depouillées de leurs eaux propres ;

    Sterilesve diu pallus aptaque remis.
    Vitcinas Urbes alit, & grave ſentit aratrum.

    Lib. de Arte Poetica verſ. 64.

    Ces deux derniers vers expriment le deſſechement des marais pomptins. Le Poëte n’entend-il pas par conſéquent dans les premiers, non le Port du Lac Lucrin qui en étoit tres éloigné mais le Port du Lac Circeïo qui en fait preſqué partie. J’ai dit en parlant de ce Port dans la deſcription de la côte les veſtiges qu’on y voit encore du travail roïal qui le forma. Il ne fut pas queſtion de percer en effet, comme pour le Lucrin une langue de Terre de quelque pas, mais de creuſer ; & de munir un canal d’environ demi-mille.