Page:Chaupy - Découverte de la maison de campagne d’Horace, Tome 1.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
143
de Campagne d’Horace. I. Part.

liſſent, que pour ſe renouveller, & ne meurent, que pour ſe multiplier.

Les plus grandes Cités, les plus vaſtes Palais, ne ſont que de viles & que d’étroites Priſons, en comparaiſon de cette demeure, qui nous a été conſtruite par la Nature, qui eſt toute la Nature elle même. Nous pouvons donner une coupable préférence à ces ouvrages de l’art, mais il n’apartiendra jamais qu’à celui de la belle Nature, de nous procurer de vrais plaisirs. C’eſt elle ſeule, qui a ſur nous des droits ſi impreſcriptibles, que nous la cherchons malgré nous, dans les choſes même, que nous faiſons pour la fuir. Vous plantés des Arbres, dit Horace, dans les lieux que vous entourés des plus ſuperbes Colomnes ; vous n’eſtiméz les plus belles Maiſons, qu’autant qu’elles ont la vue ſur quelque vaſte Campagne ; C’eſt qu’on a beau vouloir chaſſer la Nature avec la plus groſſière violence, elle revient toujours, & avec des attraits victorieux de tous les dédains[1].

  1. Nempè inter varias nutritur Silva Columnas :
    Laudaturque domús, longos quæ proſpicit agros,
    Naturam expellas furca : tamen uſque recurret.
    Et mala perrumpet furtim faſtidia victrix.
    Hor. lib. I. ep. 10.