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PRÉFACE

préparé dans Auguſte : rien ne devoit tenir devant lui ; & Horace avoit eu beau pour devenir Tribun, forcer la barrière de la naiſſance, il lui reſtoit pour l’être avec honneur celle de la Nature, qu’il n’auroit pas ſurmontée ſi aiſément. Il chanta depuis que rien n’eſt ſi doux, ni ſi beau que de mourir pour la Patrie[1] : mais l’Héroiſsme, que cette maxime ſi vraie exprime, lui avoit tellement manqué à la journée de Philippes, qu’il y abandona peu honorablement ſon bouclier pour fuir avec moins d’embarras[2]. Alcæi minaces Camœnæ. lib. IV. Od. 9.Un trait pareil ſe lit dans l’Hiſtoire d’Alcée dont Horace qualifie les Muſes de ſi menaçantes. Le contraſte de la ſuperbe fureur des Harangues de Demoſthène avec le je me rends, au buiſſon, où ſa Clamyde s’étoit acrochée, & que la peur lui fit prendre pour un Ennemi, est connu. On a tiré de ces éxemples des concluſions très défavorables aux Cœurs des gens de lettres, mais ils ne prouvent que la différence qu’il y a entre les talens & les ſentimens,

  1. Dulce & decorum est pro Patria mori. lib. III. od. 2.
  2. Tecum Philippos & celerem fugam
    Senfí reiicta non bene parmula. lib. II. od. 8.