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Découv. de la Maison


XXXVI. Son Caractère propre exprime en un mot par Horace c’etoit un fond de lacheté, & de légèreté inexprimables.

Horace peint Tarente d’un ſeul trait, en la qualifiant de Ville foible par excellence, imbelle Tarentum. Comme ce ſeroit peindre énergiquement ſa Métropole, c’eſt-à-dire Sparte, en diſant qu’on y étoit plus qu’homme ; c’eſt-donner une idée auſſi juſte, qu’abrégée de la Colonie, en diſant qu’il n’y reſtoit aucune trace de ſentiment mâle ; que la Vie sembloit, ne pas y paſſer l’âge de l’Enfance ; qu’on y étoit toujours la foibleſſe, & la légéreté même, imbelle Tarentum.

Nulle Colonie Gréque n’avoit fondé en Italie un aussi grand État. La Ville de Tarente remarquable par ſa grandeur, par ſes murailles, par ſon port, n’étoit pas ſeulement maîstreſſe de tout ce qui compoſoit ſa Yapygie, ſon importance la fît encore regarder comme la Capitale de la Calabre, de l’Apulie, & de la Lucanie[1]. Elle entretenoit trente-mille hommes de pied, & trois mille chevaux, ſans compter ſes forces Navales. Les Tarentins n’avoient élevé une ſi grande puiſſance ſans doute, que par le moïen des ſentimens qu’ils avoient apportés

  1. Tarentum Lacedæmoniorum opus, Calabriæ, Apuliæ, totiuſque Lucaniæ caput, tum magnitudine, & muris, portuque nobilis. Flor. lib. I. cap. 18.