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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

taires arrivaient successivement au lieu des délibérations. M. le général Sébastiani déclarait, lorsqu’il était assis, que c’était une grosse affaire ; il la rendait longue : cela déplaisait à notre positif président, M. Ternaux, qui voulait bien faire un châle pour Aspasie, mais qui n’aurait pas perdu son temps avec elle. Les dépêches de M. Fabvier[1] faisaient souffrir le comité ; il nous grognait fort ; il nous rendait responsables de ce qui n’allait pas selon ses vues, nous qui n’avions pas gagné la bataille de Marathon. Je me dévouai à la liberté de la Grèce : il me semblait remplir un devoir filial envers une mère. J’écrivis une Note ; je m’adressai aux successeurs de l’empereur de Russie, comme je m’étais adressé à lui-même à Vérone. La Note a été imprimée et puis réimprimée à la tête de l’Itinéraire[2].

Je travaillais dans le même sens à la Chambre des pairs[3], pour mettre en mouvement un corps politique.

    vation des grains. — M. Mortimer-Ternaux, à qui l’on doit l’excellente Histoire de la Terreur, était son neveu.

  1. Sur le général Fabvier. voir, au tome III, la note 2 de la page 385 (note 127 du Livre II de la Troisième Partie).
  2. Note sur la Grèce, 1825, in-8o. Elle reparut en 1826 avec de nouveaux développements. C’est un des plus éloquents écrits de Chateaubriand. La première édition était précédée de cet Avertissement : « Ce n’est point un livre, pas même une brochure qu’on publie ; c’est, sous une forme particulière, le prospectus d’une souscription, et voilà pourquoi il est signé : c’est un remerciement et une prière qu’un membre de la Société en faveur des Grecs adresse à la piété nationale ; il remercie des dons accordés ; il prie d’en apporter de nouveaux ; il élève la voix au moment de la crise de la Grèce ; et comme, pour sauver ce pays, les secours de la générosité des particuliers ne suffiraient peut-être pas, il cherche à procurer à une cause sacrée de plus puissants auxiliaires. »
  3. Opinion de M. le vicomte de Chateaubriand sur le projet