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degré, coïncident donc avec les racines de l’équation (2). Nous nous proposons de déterminer l’ensemble de ces racines ; pour les séparer de tous les autres nombres, nous les nommerons les nombres ε de la deuxième classe.

L’existence de tels nombres ε résulte du théorème suivant :

A. Si γ est un nombre quelconque de la première ou de la deuxième classe, ne vérifiant pas l’équation (2), les équations

γ1 = ωγ,  γ2 = ωγ1, …, γν = ωγν − 1, …

déterminent une série fondamentale ν}. La limite E(γ) de cette série fondamentale est toujours un nombre ε.

Démonstration. — Puisque γ n’est pas un nombre ε, on a ωγ > γ, c’est-à-dire γ1 > γ. D’après le théorème B, § 18, on a aussi ωγ1 > ωγ, c’est-à-dire γ2 > γ1, et de la même manière γ3 > γ2, et ainsi de suite. La suite {γν} est donc une série fondamentale. Désignons par E(γ) sa limite, on a

ωE(γ) = lim. ωγν = lim. γν + 1 = E(γ).

E(γ) est donc un nombre ε. —

B. Le nombre ε0 = E(1) = lim. ων, où

ω1 = ω,  ω2 = ωω1, …, ων = ωων − 1, …

est le plus petit de tous les nombres ε.

Soit ε′ un nombre α tel que

ωε′ = ε′.

Comme ε′ est plus grand que ω, ωε′ est plus grand que ωω, c’est-à-dire ε′ > ω1. Il en résulte de même ωε′ > ωω1 ou ε′ > ω2, et ainsi de suite.

D’une façon générale on a

ε′ > ων

et il en résulte

ε′ ≥ lim. ων,