Page:Cantor - Sur les fondements de la théorie des ensembles transfinis, trad. Marotte, 1899.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

formerait une partie de F où aucun élément n’aurait le rang le plus bas.

Mais, d’après le théorème A, § 12, de telles parties de F ne peuvent exister. L’hypothèse d’une application de F sur l’un de ses segments conduit donc à une contradiction, et par suite l’ensemble F n’est semblable à aucun de ses segments.


Mais si, d’après le théorème B, un ensemble bien ordonné n’est semblable à aucun de ses segments, il y a toujours, si F est infini, d’autres parties de F qui lui sont semblables. Par exemple, l’ensemble

(a1, a2, …, aν, …)

est semblable à l’un quelconque de ses restes

(ax + 1, ax + 2, …, ax + ν, …).

Il est d’ailleurs remarquable que nous puissions adjoindre à la proposition B la suivante :

C. Un ensemble bien ordonné F n’est semblable à aucune partie de l’un quelconque de ses segments A.

Démonstration. — Supposons que F′ soit une partie d’un segment A de F, et que F′ ≃ F. Considérons une application de F sur F′ ; d’après le théorème A, le segment A de F aura pour image un segment F″ de l’ensemble bien ordonné F′ ; ce segment serait déterminé par l’élément f′ de F′. Mais f′ est aussi élément de A et détermine un segment A′ de A, dont F″ est une partie.

L’hypothèse de l’existence d’une partie F′ d’un segment A de F, telle que F′ ≃ F, nous permet donc de construire une partie F″ d’un segment A′ de A, telle que F″ ≃ A.

Ce procédé de déduction nous donne ensuite une partie F‴ d’un segment A″ de A′, telle que F‴ ≃ A′. Nous obtenons ainsi, en poursuivant, comme dans la démonstration du théorème B, une série nécessairement infinie de segments de F devenant de plus en plus petits

A > A′ > A″ … A(ν) > A(ν + 1)