Page:Bulletins d'arboriculture de floriculture et de culture potagère, 1874.djvu/122

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 112 —

La poire Ananas de Courtrai.

La jolie poire à laquelle nous accordons aujourd’hui une place dans notre galerie iconographique, n’est pas une inconnue pour beaucoup de nos lecteurs. Quoiqu’elle ait pris naissance, il y a plus d’un siècle, dans la localité dont elle porte dignement le nom, et qu’elle ait été parfaitement représentée, décrite et louée dans les Annales de pomologie par Bivort, il nous a semblé qu’on n’en faisait pas tout le cas qu’elle mérite, et que spécialement pour la culture en verger, on devrait la multiplier davantage. C’est surtout à ce dernier point de vue que nous venons la recommander.

« Comment ! vont s’exclamer les pseudo-pomiculteurs-spéculateurs, une poire d’été, comme si déjà il n’y en avait pas assez, trop même ; comme si on pouvait aimer les poires alors que les espaliers offrent encore des pêches savoureuses et parfumées ! Les meilleures poires d’été ne valent pas au marché le dixième d’une bonne poire d’hiver ; n’est-ce pas perdre son temps et sa peine que de cultiver des fruits d’une si mince valeur ? »

Ce raisonnement n’est juste qu’en apparence. D’abord, si les poires d’été sont peu estimées, c’est que généralement elles ne sont que de médiocre qualité.

Or l’Ananas de Courtrai est de toute première qualité. L’arbre est rustique et produit abondamment et régulièrement dans les situations où, malgré tous les abris, les pêchers donnent de rares fruits.

Et puis, où sont les variétés de bonnes poires d’hiver qui soient aussi généreuses que les poires d’été ?

Enfin, il est des circonstances où le fruit d’été acquerra une plus value, s’il supporte facilement le transport : c’est, par exemple, lorsque l’époque de sa maturité correspond avec la saison où les villes balnéaires sont les plus fréquentées.

L’Ananas de Courtrai nous paraît réunir les conditions exigibles d’un fruit de spéculation. Il paye de mine, il mûrit en