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THÉORIE DE LA TERRE.

terre ; nous y trouvons des hauteurs[1], des vallées, des plaines, des profondeurs, des rochers, des terrains de toute espèce : nous voyons que toutes les îles ne sont que les sommets[2] de vastes montagnes, dont le pied et les racines sont couverts de l’élément liquide ; nous y trouvons d’autres sommets de montagnes qui sont presque à fleur d’eau. Nous y remarquons des courants[3] rapides qui semblent se soustraire au mouvement général : on les voit[4] se porter quelquefois constamment dans la même direction, quelquefois rétrograder, et ne jamais excéder leurs limites, qui paroissent aussi invariables que celles qui bornent les efforts des fleuves de la terre. Là sont ces contrées orageuses où les vents en fureur précipitent la tempête, où la mer et le ciel, également agités, se choquent et se confondent : ici sont des mouvements intestins, des bouillonnements[5], des trombes[6], et des agitations extraordinaires causées par des volcans dont la bouche submergée vomit le feu du sein des ondes, et pousse jusqu’aux nues une épaisse vapeur mêlée d’eau, de soufre, et de bitume. Plus loin, je vois ces gouffres[7] dont on n’ose approcher, qui semblent attirer les vaisseaux pour les engloutir : au delà j’aperçois ces vastes plaines, toujours calmes et tranquilles[8], mais tout

  1. Voyez la Carte dressée en 1737 par M. Buache, des profondeurs de l’Océan entre l’Afrique et l’Amérique.
  2. Voyez Varen. Geogr. gen., page 218.
  3. Voyez les Preuves, art. XIII.
  4. Voyez Varen., p. 140. Voyez aussi les Voyages de Pyrard, p. 137.
  5. Voyez les Voyages de Shaw, tome II, page 56.
  6. Voyez les Preuves, art. XVI.
  7. Le Malestroom dans la mer de Norwège.
  8. Les calmes et les tornados de la mer Éthiopique.