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THÉORIE DE LA TERRE.

couvre la plus grande partie du globe. Ces eaux occupent toujours les parties les plus basses ; elles sont aussi toujours de niveau, et elles tendent perpétuellement à l’équilibre et au repos. Cependant nous les voyons[1] agitées par une forte puissance, qui, supposant à la tranquillité de cet élément, lui imprime un mouvement périodique et réglé, soulève et abaisse alternativement les flots, et fait un balancement de la masse totale des mers, en les remuant jusqu’à la plus grande profondeur. Nous savons que ce mouvement est de tous les temps, et qu’il durera autant que la lune et le soleil, qui en sont les causes.

Considérant ensuite le fond de la mer, nous y remarquons autant d’inégalités[2] que sur la surface de la

    métaux et minéraux, qui sont encore plus susceptibles de se sublimer par l’action de la chaleur ; et à l’égard des sables vitrescibles et des argiles, qui ne sont que des détriments des scories vitrées dont la surface du globe étoit couverte immédiatement après le premier refroidissement, il est certain qu’elles n’ont pu se loger dans l’intérieur, et qu’elles pénètrent tout au plus aussi bas que les filons métalliques dans les fentes et dans les autres cavités de cette ancienne surface de la terre, maintenant recouverte par toutes les matières que les eaux ont déposées.

    Nous sommes donc bien fondés à conclure que le globe de la terre n’est, dans son intérieur, qu’une masse solide de matière vitrescible, sans vides, sans cavités, et qu’il ne s’en trouve que dans les couches qui soutiennent celles de sa surface ; que sous l’équateur, et dans les climats méridionaux, ces cavités ont été et sont encore plus grandes que dans les climats tempérés ou septentrionaux, parce qu’il y a eu deux causes qui les ont produites sous l’équateur ; savoir, la force centrifuge et le refroidissement ; au lieu que, sous les pôles, il n’y a eu que la seule cause du refroidissement : en sorte que, dans les parties méridionales, les affaissements ont été bien plus considérables, les inégalités plus grandes, les fentes perpendiculaires plus fréquentes, et les mines des métaux précieux plus abondantes. (Add. Buff.)

  1. Voyez les Preuves, art. XII.
  2. Voyez les Preuves, art. XIII.