Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espèce d’oiseau noir se trouvât également dans les climats chauds des deux continents.

Indépendamment de ces trois oiseaux, qu’on peut rapporter à l’espèce de père noir, il y en a encore d’autres qui ne nous paraissent être aussi que des variétés de cette même espèce. L’oiseau que nous avons fait représenter dans nos planches, no 291, fig. 1, le mâle, et fig. 2, la femelle, sous le nom de moineau du Brésil[NdÉ 1] ressemble si fort au père noir, qu’on ne peut guère douter qu’il ne soit de son espèce ; à la vérité, cette ressemblance presque parfaite ne se trouve que dans le mâle ; les couleurs de la femelle sont fort différentes, mais cela même nous apprend combien peu l’on doit compter sur la différence des couleurs pour constituer celle des espèces.

Enfin, il y a encore une espèce voisine de notre moineau, et qu’on ne pourrait se dispenser de rapporter immédiatement à celle du père noir, s’il n’y avait pas une grande différence dans la longueur de la queue : c’est l’oiseau représenté dans nos planches enluminées, no 183, fig. 1, sous la dénomination de moineau du royaume de Juda[NdÉ 2]. Nous l’appellerons père noir à longue queue, parce qu’il nous paraît être de la même espèce que le père noir, et n’en différer que par sa queue, qui est plus longue, et composée de plumes de grandeur inégale[1]. Si les noms des climats nous ont été fidèlement transmis, on voit que l’espèce du père noir se trouve aux îles Antilles, à la Jamaïque, au Mexique, à Cayenne, au Brésil, au royaume de Juda, ensuite en Abyssinie, à Java et jusqu’à Macao, c’est-à-dire dans toutes les contrées méridionales de l’ancien et du nouveau continent.

IV.Le dattier ou moineau de datte.

M. Shaw a parlé de cet oiseau[NdÉ 3] dans ses Voyages, sous le nom de moineau de Capsa, et M. le chevalier Bruce m’en a fait voir le portrait en miniature, d’après lequel j’ai fait la description suivante.

Le moineau de datte a le bec court, épais à sa base, et accompagné de quelques moustaches près des angles de son ouverture, la pièce supérieure noire, l’inférieure jaunâtre ainsi que les pieds, les ongles noirs, la partie

  1. M. le chevalier Bruce, après avoir attentivement examiné cet oiseau, l’a reconnu pour être le même que le mascalouf d’Abyssinie. On l’y nomme aussi oiseau de la croix, parce qu’il arrive ordinairement le jour de l’Exaltation de la Sainte-Croix dans cette contrée où il annonce la fin des pluies. M. Bruce ajoute qu’on voit aux sources du Nil, dans le même temps de la cessation des pluies, un oiseau qui ressemble en tout au mascalouf, excepté par la queue qu’il a beaucoup plus courte.
  1. Fringilla nitens Gmel. et Lath.. Cette espèce habite l’Afrique et non le Brésil, comme le croyait Buffon. [Note de Wikisource : C’est l’oiseau actuellement nommé Vidua chalybeata Statius Müller, vulgairement combassou du Sénégal ; il appartient à la famille des Viduidés, familles sœur des Estrildidés et plus proche cousine des Plocéidés. Il sera à nouveau mentionné plus bas sous le nom d’outre-mer.]
  2. Fringilla macroura L. [Note de Wikisource : actuellement Euplectes macroura Gmelin, vulgairement euplecte à dos d’or ; c’est un Plocéidé].
  3. Fringilla capsa Lath. [Note de Wikisource : très probablement l’actuel Emberiza sahari Levaillant, vulgairement bruant du Sahara ; c’est un Embérizidé].