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Nous eussions adopté ce nom gowry, qu’il porte dans son pays natal, si celui de jacobin n’eût pas déjà prévalu par l’usage. On voit dans notre même planche enluminée no 139, fig. 2, et dans la planche no 153, fig. 1, la représentation de deux autres oiseaux que les curieux appellent dominos[NdÉ 1] et qu’ils distinguent des jacobins ; ils en diffèrent en effet en ce qu’ils sont plus petits, mais on doit les considérer comme variétés dans la même espèce. Les mâles sont probablement ceux qui ont le ventre tacheté, et les femelles l’ont d’un gris blanc uniforme. On peut voir la description de ces oiseaux dans l’ouvrage de M. Brisson, depuis la page 239 jusqu’à la page 244 ; mais il n’y a pas un mot de leurs habitudes naturelles.

XVII.Le baglafecht.

C’est un oiseau d’Abyssinie[NdÉ 2] qui a beaucoup de rapport avec le toucnam-courvi ; seulement il en diffère par quelques nuances ou par quelque distribution de couleurs. La tache noire qui est des deux côtés de la tête s’élève dans le baglafecht jusque au-dessus des yeux : la marbrure jaune et brune de la partie supérieure du corps est moins marquée, et les grandes couvertures des ailes, ainsi que les pennes de ces mêmes ailes et celles de la queue, sont d’un brun verdâtre bordées de jaune. Cet oiseau a l’iris jaunâtre, et ses ailes, dans leur état de repos, vont à peu près au milieu de la queue.

Le baglafecht se rapproche encore du toucnam-courvi par les précautions industrieuses qu’il prend pour garantir ses œufs de la pluie et de tout autre danger ; mais il donne à son nid une forme différente, il le roule en spirale à peu près comme un nautile, il le suspend, comme le toucnam-courvi, à l’extrémité d’une petite branche, presque toujours au-dessus d’une eau dormante, et son ouverture est constamment tournée du côté de l’est, c’est-à-dire du côté opposé à la pluie. De cette manière, le nid est non seulement fortifié avec intelligence contre l’humidité, mais il est encore défendu contre les différentes espèces d’animaux qui cherchent les œufs du baglafecht pour s’en nourrir.

XVIII.Le gros-bec d’Abyssinie.

Je rapporte encore aux gros-becs cet oiseau d’Abyssinie[NdÉ 3], qui leur ressemble par le trait caractéristique, je veux dire par la grosseur de son bec, comme aussi par la grosseur totale de son corps. Il a l’iris rouge, le bec noir, ainsi que le dessus et les côtés de la tête, la gorge et la poitrine ; le reste du dessous du corps, les jambes et la partie supérieure du corps d’un

  1. Loxia molucca L. [Note de Wikisource : actuellement Lonchura molucca Linnæus, vulgairement capucin jacobin ; il s’agit d’une autre espèce du même genre, non d’une sous-espèce].
  2. Loxia abyssinica L. [Note de Wikisource : actuellement Ploceus cucullatus Statius Müller, sous-espèce abyssinicus Gmelin ; l’espèce est déjà décrite à l’article du cap-more].
  3. Ploceus melanocephalus Vieill. L. [Note de Wikisource : actuellement Ploceus melanocephalus Linnæus, vulgairement tisserin à tête noire].