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séminales qu’il venait d’observer, il s’accuse lui-même de maladresse et dit qu’apparemment en disséquant l’animal il aura ouvert avec le scalpel les vaisseaux qui contiennent la semence, et qu’elle se sera sans doute mêlée avec les excréments ; mais ensuite les ayant trouvés dans les excréments de quelques autres animaux, et même dans les siens, il ne sait plus quelle origine leur attribuer. J’observerai que Leeuwenhoek ne les a jamais trouvés dans ses excréments que quand ils étaient liquides : toutes les fois que son estomac ne faisait pas ses fonctions et qu’il était dévoyé, il y trouvait de ces animaux, mais lorsque la coction de la nourriture se faisait bien et que les excréments étaient durs, il n’y en avait aucun, quoiqu’il les délayât avec de l’eau, ce qui semble s’accorder parfaitement avec tout ce que nous avons dit ci-devant ; car il est aisé de comprendre que, lorsque l’estomac et les intestins font bien leurs fonctions, les excréments ne sont que le marc de la nourriture, et que tout ce qu’il y avait de vraiment nourrissant et d’organique est entré dans les vaisseaux qui servent à nourrir l’animal, que par conséquent on ne doit point trouver alors de ces molécules organiques dans ce marc, qui est principalement composé des parties brutes de la nourriture et des récréments du corps, qui ne sont aussi que des parties brutes ; au lieu que si l’estomac et les intestins laissent passer la nourriture sans la digérer assez pour que les vaisseaux qui doivent recevoir ces molécules organiques puissent les admettre, ou bien, ce qui est encore plus probable, s’il y a trop de relâchement ou de tension dans les parties solides de ces vaisseaux, et qu’ils ne soient pas dans l’état où il faut qu’ils soient pour pomper la nourriture, alors elle passe avec les parties brutes, et on trouve les molécules organiques vivantes dans les excréments ; d’où l’on peut conclure que les gens qui sont souvent dévoyés doivent avoir moins de liqueur séminale que les autres, et que ceux au contraire dont les excréments sont moulés et qui vont rarement à la garde-robe sont les plus vigoureux et les plus propres à la génération.

Dans tout ce que j’ai dit jusqu’ici j’ai toujours supposé que la femelle fournissait, aussi bien que le mâle, une liqueur séminale, et que cette liqueur séminale était aussi nécessaire à l’œuvre de la génération que celle du mâle. J’ai tâché d’établir (chapitre ier) que tout corps organisé doit contenir des parties organiques vivantes. J’ai prouvé (chapitres ii et iii) que la nutrition et la reproduction s’opèrent par une seule et même cause, que la nutrition se fait par la pénétration intime de ces parties organiques dans chaque partie du corps, et que la reproduction s’opère par le superflu de ces mêmes parties organiques rassemblées dans quelque endroit où elles sont renvoyées de toutes les parties du corps. J’ai expliqué (chapitre iv) comment on doit entendre cette théorie dans la génération de l’homme et des animaux qui ont des sexes. Les femelles étant donc des êtres organisés comme les mâles elles doivent aussi, comme je l’ai établi, avoir quelques réservoirs où le superflu des parties organiques soit renvoyé de toutes les