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fluide sont précisément en même raison que celle de leur épaisseur : en sorte que si nous supposons un globe isolé de toutes parts, dont la surface aura pris sa consistance en un temps donné, par exemple en 3 minutes, il faudra 1 minute 1/2 de plus pour le consolider à 6 lignes de profondeur, 2 minute 1/4 pour le consolider à 9 lignes, 3 minutes pour le consolider à 12 lignes, 4 minutes pour le consolider à 18 lignes, et 7 minutes pour le consolider à 27 ou 28 lignes de profondeur, et par conséquent 36 minutes pour le consolider à 10 pieds de profondeur,  etc.

SUR LE VERRE.

Ayant fait couler du laitier dans des moules très voisins du fourneau, à environ 2 pieds de l’ouverture de la coulée, j’ai reconnu, par plusieurs essais, que la surface de ces morceaux de laitier prend sa consistance en moins de temps que la fonte de fer, et que l’intérieur se consolidait aussi beaucoup plus vite, mais je n’ai pu déterminer, comme je l’ai fait sur le fer, les temps nécessaires pour consolider l’intérieur du verre à différentes épaisseurs ; je ne sais même si l’on en viendrait à bout dans un fourneau de verrerie où l’on aurait le verre en masses fort épaisses : tout ce que je puis assurer, c’est que la consolidation du verre, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, est à peu près une fois plus prompte que celle de la fonte du fer. Et en même temps que le premier coup de l’air condense la surface du verre liquide et lui donne une sorte de consistance solide, il la divise et la fêle en une infinité de petites parties, en sorte que le verre saisi par l’air frais ne prend pas une solidité réelle, et qu’il se brise au moindre choc ; au lieu qu’en le laissant recuire dans un four très chaud, il acquiert peu à peu la solidité que nous lui connaissons. Il paraît donc bien difficile de déterminer par l’expérience les rapports du temps qu’il faut pour consolider le verre à différentes épaisseurs au-dessous de sa surface. Je crois seulement qu’on peut, sans se tromper, prendre le même rapport pour la consolidation que celui du refroidissement du verre au refroidissement du fer, lequel rapport est de 132 à 236 par les expériences du second Mémoire (page 124).


VII. — Ayant déterminé, par les expériences précédentes, les temps nécessaires pour la consolidation du fer en fusion, tant à sa surface qu’aux différentes profondeurs de son intérieur, j’ai cherché à reconnaître, par des observations exactes, quelle était la durée de l’incandescence dans cette même matière.

1. Un renard, c’est-à-dire une loupe détachée de la gueuse par le feu de la chaufferie et prête à être portée sous le marteau, a été mise dans un lieu dont l’obscurité était égale à celle de la nuit quand le ciel est couvert : cette loupe, qui était fort enflammée, n’a cessé de donner de la flamme qu’au bout de 24 minutes ; d’abord la flamme était blanche, ensuite rouge et bleuâtre sur la fin ; elle ne paraissait plus alors qu’à la partie inférieure de la loupe qui touchait la terre et ne se montrait que par ondulations ou par reprises, comme celles d’une chandelle qui s’éteint. Ainsi la première incandescence, accompagnée de flamme, a duré 24 minutes : ensuite la loupe, qui était encore bien rouge, a perdu cette couleur peu à peu et a cessé de paraître rouge au bout de 74 minutes, non compris les 24 premières, ce qui fait en tout 98 minutes ; mais il n’y avait que les surfaces supérieures et latérales qui avaient absolument perdu leur couleur rouge ; la surface inférieure, qui touchait à la terre, l’était encore aussi bien que l’intérieur de la loupe. Je commençai alors, c’est-à-dire au bout de 98 minutes, à laisser tomber quelques grains de poudre à tirer sur la surface supérieure ; ils s’enflammèrent avec explosion. On continuait de jeter de temps en temps de la poudre sur la loupe, et ce ne fut qu’au bout de 42 minutes de plus qu’elle cessa de faire explosion : à 43, 44 et 45 minutes la poudre se fondait et fusait sans explosion, en donnant seulement une petite flamme bleue. De là je crus devoir con-