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période que se développent les premières plantes vasculaires. On en conclut généralement que les continents devaient être plus étendus que pendant la formation précédente ; le fait est possible, mais ce n’est pas l’apparition des plantes vasculaires qui pourrait suffire à l’établir. Pour que ces plantes pussent alors commencer à se montrer, il fallait que des végétaux terrestres plus inférieurs tels que les mousses, les hépatiques eussent eu le temps d’évoluer ; les plantes vasculaires elles-mêmes offraient déjà un degré de développement assez élevé, car on trouve dans le dévonien non seulement des cryptogames vasculaires, mais encore des conifères. Le soulèvement des continents sur lesquels ces végétaux se développaient devaient donc dater d’une époque déjà fort reculée.

Formation carbonifère. De la formation dévonienne on passe facilement à la formation carbonifère dont la durée a dû être très considérable, car les dépôts sédimentaires qu’on lui attribue ont atteint dans certaines régions jusqu’à 7 000 mètres d’épaisseur et au delà. Cette période est essentiellement caractérisée par l’importance que prennent les débris des végétaux et par l’apparition des premiers animaux amphibiens et aériens. D’après la nature des roches et des fossiles qui entrent dans leur constitution, les formations de la période houillère peuvent facilement être divisées en deux sortes de terrains ayant une origine différente : les uns formés en majeure partie d’un calcaire très riche en fossiles marins, connu sous le nom de calcaire carbonifère ; les autres formant le houiller constitués par des grès argileux, des schistes et des houilles. Le calcaire carbonifère s’est manifestement déposé sur le sol d’océans profonds et tranquilles, tandis que la houille s’est déposée sur des terres basses, marécageuses, où croissaient en quantités immenses des fougères et des lepidodendrons gigantesques, des sigillaires, des calamites et un petit nombre de conifères. Ce sont ces forêts de végétaux aux dimensions inconnues aujourd’hui dans les groupes auxquels ils appartiennent qui ont servi à produire la houille ; ils sont tombés sur place, s’y sont lentement carbonisés sous l’eau des marécages, tandis que des générations nouvelles se développaient au-dessus d’eux, et subissaient tour à tour la même destinée. Toutes les couches de houille ne se sont pas ainsi formées sur place ; un grand nombre ont été produites par des arbres transportés plus ou moins loin du lieu sur lequel ils avaient végété, ainsi que l’indiquent les lits d’argile qui alternent sur les couches de houille.

Buffon décrit avec une grande exactitude la manière dont se sont formées les couches de houille : « Toutes les parties du globe, dit-il[1], qui se trouvaient élevées au-dessus des eaux produisirent dès les premiers temps une infinité de plantes et d’arbres de toutes espèces, lesquels, bientôt tombant de vétusté, furent entraînés par les eaux et formèrent des dépôts de

  1. Époques de la nature, t. II, p. 58.