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continents sont presque tous des organismes actuellement propres aux mers des régions méridionales. On a découvert, en effet, dans les parties les plus froides du globe des animaux et des végétaux fossiles dont les genres ne vivent actuellement que dans des contrées plus ou moins chaudes, tandis qu’on ne trouve dans le voisinage des pôles aucun fossile attestant que ces contrées aient joui, dans les périodes anciennes de l’évolution de la terre, d’une température inférieure à celle que nous connaissons actuellement. Il est vrai qu’on rencontre dans certaines régions tempérées des animaux propres aux régions froides. Nous aurons à revenir plus tard sur l’interprétation qu’il importe de donner à ces faits.

Horizontalité des couches terrestres. Parmi les faits auxquels Buffon attache une très grande importance et sur lesquels il fonda sa doctrine, nous avons indiqué plus haut l’horizontalité des couches qui forment la portion superficielle de la terre. Ayant constaté, soit par lui-même, soit d’après les observations d’autres savants que, dans un grand nombre de points du globe, les couches sont superposées régulièrement les unes aux autres, il en déduisit, par une généralisation plus hardie que juste, qu’il en était partout ainsi. « Je vois, dit-il dans son Histoire et théorie de la terre[1], des couches de sable, de pierres à chaux, d’argile, de coquillages, de marbres, de gravier, de craie, de plâtre, etc., et je remarque que ces couches sont toujours posées parallèlement les unes sur les autres, et que chaque couche a la même épaisseur dans toute son étendue : je vois que dans les collines voisines les mêmes matières se trouvent au même niveau, quoique les collines soient séparées par des intervalles profonds et considérables. » Revenant sur ce sujet, dans les pièces justificatives de ce mémoire, il dit encore[2] : « Non seulement la terre est composée de couches parallèles et horizontales dans les plaines et dans les collines, mais les montagnes même sont en général composées de la même façon ; on peut dire que ces couches y sont plus apparentes que dans les plaines, parce que les plaines sont ordinairement recouvertes d’une quantité assez considérable de sable et de terre que les eaux ont amenés, et, pour trouver les anciennes couches, il faut creuser plus profondément dans les plaines que dans les montagnes. »

En ce qui concerne les montagnes, il ajoute[3] : « J’ai souvent observé que lorsqu’une montagne est égale et que son sommet est de niveau, les couches ou lits de pierre qui la composent sont aussi de niveau ; mais si le sommet de la montagne n’est pas posé horizontalement, et s’il penche vers l’orient ou vers tout autre côté, les couches de pierre penchent aussi du même côté. »

Il admet encore que chaque couche a la même épaisseur dans toute son

  1. Voyez plus haut, p. 128.
  2. T. Ier, p. 112.
  3. Ibid., t. Ier, p. 112.