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ces deux ouvrages se complètent l’un l’autre, nous devons rapporter ici les faits qui servent de base aux idées exposées dans le second[1] : « 1o La terre est élevée sur l’équateur et abaissée sous les pôles, dans la proportion qu’exigent les lois de la pesanteur et de la force centrifuge ; 2o le globe terrestre a une chaleur intérieure qui lui est propre, et qui est indépendante de celle que les rayons du soleil peuvent lui communiquer ; 3o la chaleur que le soleil envoie à la terre est assez petite, en comparaison de la chaleur propre du globe terrestre ; et cette chaleur envoyée par le soleil ne serait pas seule suffisante pour maintenir la nature vivante[2] ; 4o les matières qui composent le globe de la terre sont en général de la nature du verre, et peuvent être toutes réduites en verre ; 5o on trouve sur toute la surface de la terre, et même sur les montagnes, jusqu’à 1 500 et 2 000 toises de hauteur, une immense quantité de coquilles et d’autres débris des productions de la mer. »

Parmi les faits qui servent de base à l’histoire de la terre tracée par Buffon, je dois encore citer ce qu’il appelle, d’un mot très juste, les « monuments » de cette histoire. Les voici[3] : « 1o On trouve à la surface et à l’intérieur de la terre des coquilles et autres productions de la mer ; et toutes les matières qu’on appelle calcaires sont composées de leurs détriments. 2o En examinant ces coquilles et autres productions marines que l’on tire de la terre, en France, en Angleterre, en Allemagne et dans le reste de l’Europe, on reconnaît qu’une grande partie des espèces d’animaux auxquels ces dépouilles ont appartenu, ne se trouvent pas dans les mers adjacentes, et que ces espèces, ou ne subsistent plus, ou ne se trouvent que dans les mers méridionales. De même, on voit dans les ardoises et dans d’autres matières, à de grandes profondeurs, des impressions de poissons et de plantes, dont aucune espèce n’appartient à notre climat, et lesquelles n’existent plus, ou ne se trouvent subsistantes que dans les climats méridionaux. 3o On trouve en Sibérie et dans les autres contrées septentrionales de l’Europe et de l’Asie, des squelettes, des défenses, des ossements d’éléphants, d’hippopotames et de rhinocéros, en assez grande quantité pour être assuré que les espèces de ces animaux, qui ne peuvent se propager aujourd’hui que dans les terres du Midi, existaient et se propageaient autrefois dans les terres du Nord, et l’on a observé que ces dépouilles d’éléphants et d’autres animaux terrestres se présentent à une assez petite profondeur, au lieu que les coquilles et les autres débris des productions de la mer se trouvent enfouies à de plus grandes profondeurs dans l’intérieur de la terre. 4o On trouve des défenses et des ossements d’élé-

  1. Époques de la nature, t. II, p. 3.
  2. J’ai déjà insisté plus haut sur l’erreur commise par Buffon en ce qui concerne l’importance relative de la chaleur solaire et de la chaleur propre du globe, par rapport aux phénomènes qui se produisent à la surface du globe.
  3. Époques de la nature, t. II, p. 10.