Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



II

ORGANISATION ET ÉVOLUTION DE LA TERRE. IDÉES DE BUFFON. IDÉES MODERNES.


L’évolution des planètes d’après Buffon. Après avoir déterminé hypothétiquement l’origine des planètes et de la terre, Buffon s’efforce d’établir les phases d’évolution par lesquelles ces globes ont dû passer. D’abord incandescents et lumineux, comme le soleil dont ils étaient nés, ils se sont ensuite graduellement refroidis par le rayonnement dans l’espace, en prenant, sous la double influence de la force centrifuge et de la pesanteur, la forme sphéroïdale qu’ils affectent aujourd’hui. Le refroidissement et la solidification ont commencé par la surface. Telle est, en peu de mots, la première phase de l’évolution de la terre et des planètes, d’après le savant naturaliste du xviiie siècle. Les planètes ont d’abord été fluides. Laissons-lui la parole : « Passons, dit-il[1], au premier âge de notre univers, où la terre et les planètes ayant reçu leur forme ont pris de la consistance, et de liquides sont devenues solides. Ce changement d’état s’est fait naturellement et par le seul effet de la diminution de la chaleur : la matière qui compose le globe terrestre et les autres globes planétaires était en fusion lorsqu’ils ont commencé à tourner sur eux-mêmes ; ils ont donc obéi, comme tout autre matière fluide, aux lois de la force centrifuge ; les parties voisines de l’équateur, qui subissent le plus grand mouvement dans la rotation, se sont le plus élevées ; celles qui sont voisines des pôles, où ce mouvement est moindre ou nul, se sont abaissées dans la proportion juste et précise qu’exigent les lois de la pesanteur, combinées avec celles de la force centrifuge, et cette forme de la terre et des planètes s’est conservée jusqu’à ce jour, et se conservera perpétuellement, quand même l’on voudrait supposer que le mouvement de rotation viendrait à s’accélérer, parce que la matière ayant passé de l’état de fluidité à celui de solidité, la cohésion des parties suffit seule pour maintenir la forme primordiale, et qu’il faudrait pour la changer que le mouvement de rotation prît une rapidité presque infinie, c’est-à-dire assez grande pour que l’effet de la force centrifuge devînt plus grand que celui de la force de cohérence. »

Dans un autre passage des Époques de la nature (t. II, p. 4), Buffon invoque encore à l’appui de la fluidité primitive générale de la terre sa forme sphéroïdale. « Le premier fait du renflement de la terre à l’équateur et de son aplatissement aux pôles est mathématiquement démontré et physiquement prouvé par la théorie de la gravitation et par les expériences du pendule. Le

  1. Époques de la nature, t. II, p. 32